Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique et riche en pétrole, est en proie à des violences récurrentes qui minent sa stabilité et peuvent même déboucher sur une guerre civile avec pour objectif l'éclatement du pays. Une secte islamiste dite des « talibans » a déclenché une vaste offensive contre les postes de police dans le nord du pays. Les terroristes cherchent à s'emparer des armes afin d'avoir les moyens d'étendre la guerre pour « purifier » les régions musulmanes, selon leur expression. La charia est déjà appliquée dans une dizaine d'Etats de cette République fédérale. Cette politique a favorisé le développement de l'intégrisme alors que la moitié de la population est animiste ou chrétienne. Depuis les années 1980, le Nigeria a été une cible privilégiée du wahhabisme et de certaines monarchies arabes du Golfe. Comme dans d'autres pays de l'Afrique subsaharienne, la violence s'y est installée, encouragée de l'extérieur. L'anarchie a fini par s'instaurer dans ce pays fragilisé et des affrontements entre musulmans et chrétiens, faisant des dizaine de morts, sont devenus monnaie courante, notamment les massacres à la machette. L'application de la charia a fait dire au président Olusegun Obasanjo (1999-2007) qu'elle lui a donné ses « plus gros maux de tête ». Il y avait de quoi si l'on sait que les fondamentalistes, qui se réclament des talibans afghans, ont juré de nettoyer le Nigeria de ses infidèles. « C'est une organisation fanatique antigouvernementale et antipeuple », a dit d'eux un haut responsable nigérian. Avec les nouvelles actions déclenchées par les fondamentalistes, il semble que le pays est entré dans un cycle extrêmement dangereux et qui pourrait se répercuter sur tous les pays voisins. La situation apparaît plus grave encore qu'à l'époque de la guerre de sécession déclenchée au Biafra par Ojukwu au début des années 1970 à cause des convoitises sur le pétrole de cet Etat par des compagnies pétrolières. Le Nigeria n'avait échappé à l'implosion que grâce à un appui international conséquent. Aujourd'hui, le danger est tout autre. Les Nigérians ont affaire à des fanatiques déterminés à aller jusqu'au bout de leur logique. S'ils réussissent, ce qu'il ne faut pas espérer, les équilibres fragiles mis en place à travers tout un continent seront remis en cause. Plus rien n'arrêtera le terrorisme islamiste qui fait déjà des dégâts sous d'autres cieux.