Alors que l'on s'apprête à commémorer, le 24 février, le double anniversaire de la création de l'UGTA (1956) et de la nationalisation des hydrocarbures (1971), Abdelmadjid Sidi Saïd s'offre un cadeau. Ceci à la faveur de l'appui qu'il a donné, hier, au contenu de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures. L'UGTA prenant le soin, toutefois, de s'en remettre aux « sept engagements et clarifications » endossés par le gouvernement. Le projet en question a suscité, depuis trois ans, une grande polémique. Au point où le patron de la centrale syndicale n'avait pas hésité à décréter une grève générale des travailleurs les 25 et 26 février 2003. A travers tout le territoire national, Sidi Saïd s'était permis, dans une déclaration publique, de faire admettre que cette grève allait dans le sens de « l'esprit de recueillement et de fidélité à tous ceux qui se sont sacrifiés pour la défense des intérêts des travailleurs et de la patrie ». Cette démonstration de force de l'UGTA conduira d'ailleurs le gouvernement, sous la conduite de Ali Benflis en ce temps-là, à retirer ledit projet. Mieux encore, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, sera amené à faire des déclarations visant à rassurer, plus ou moins, l'UGTA et la puissante fédération des pétroliers. Le secrétaire général de cette fédération, Mohamed Lakhdar Badreddine, avait déclaré, dans une interview au Quotiden d'Oran de décembre 2002, que les concepteurs de cette loi affirment que « le principal objectif du projet est d'accroître les rentrées en devises du pays ». Or, avait-il précisé, « avec cette nouvelle loi, tout sera dénationalisé » et que « tout soutien américain dans le domaine du pétrole et du gaz ne sert que ses intérêts ». Depuis cette date jusqu'à aujourd'hui, il semble qu'il y a eu un effort de réduire l'écart entre les intentions de l'Exécutif et l'action syndicale de l'UGTA. Celle-ci use maintenant de l'expression « partenariat avec le gouvernement » pour montrer sa bonne volonté et ne pas trop s'éloigner des réalités qu'imposeront, d'une manière ou d'une autre, l'accord d'association avec l'UE et l'adhésion à l'OMC. Cette importante décision, assumée aujourd'hui pleinement par Sidi Saïd, trouvera plus d'explication après le congrès de l'UGTA prévu, normalement, au mois de mars prochain. C'est-à-dire qu'on saura, à cette date-là, s'il y a une corrélation entre l'appui au contenu de l'avant-projet de loi sur les hydrocarbures et les enjeux liés à la nomination du nouveau patron de l'UGTA.