Il a révélé que des éditeurs lui ont proposé de changer le titre au motif qu'il risquait de choquer. «C'était une erreur. Le livre a été traduit en 14 langues et s'est bien vendu», a-t-il dit. Selon lui, il existe deux types de haine par rapport à l'Occident. «Il y a la haine pathologique et criminelle exprimée par les terroristes. Quelles que soient les raisons, cette haine doit être condamnée. Elle n'a aucune excuse. C'est le cas d'Al Qaîda», a-t-il déclaré, soulignant que le Coran est un livre d'amour et de tolérance. Portée par des forces politiques, l'autre haine est, selon lui, raisonnée. «Il s'agit d'une rupture organisée avec l'ordre cannibale du monde et sa violence structurelle», a-t-il expliqué, qualifiant tout cela de «renaissance identitaire». La mémoire blessée et «le double langage permanent» de l'Occident sur les droits de l'homme sont, selon lui, des sources de cette haine. D'après lui, la notion d'Occident a évolué au fil des siècles depuis le concept géographique latin «Descendre là où le soleil descend». A son avis, le capitalisme est arrivé au stade monopolistique terminal. Il serait l'œuvre des Euro-Américains et de leur diaspora qui constituent actuellement 18% de l'humanité. «Depuis plus de 500 ans, cette minorité domine la planète avec des systèmes de domination toujours différents. Il y a eu la conquista, le commerce triangulaire, les déportations esclavagistes, le pillage des ressources naturelles, etc.», a-t-il analysé, insistant sur les 150 ans d'occupation territoriale. «Et aujourd'hui, la dictature globalisée du capital mondialisé. C'est la forme ultime de la domination de l'Occident sur le monde», a-t-il insisté. S'appuyant sur des données de la Banque mondiale, il a relevé que les 500 plus grandes sociétés transcontinentales privées ont contrôlé, en 2009, 53,8% du Produit intérieur brut (PIB) mondial. «Ces sociétés sont essentiellement occidentales avec quelques alliés chinois et indiens. Elles contrôlent donc plus de la moitié de toute la richesse produite en une année au niveau mondial», a-t-il assuré. Ces firmes ont, selon lui, un pouvoir qu'aucun empereur, roi ou pape n'a jamais eu de toute l'histoire. L'auteur de Main basse sur l'Afrique a relevé que face à cette concentration de richesses, il existe une grande souffrance dans le Sud. Il en veut pour preuve la mort par malnutrition toutes les 5 secondes d'un enfant de moins de 10 ans. «Chaque jour, 37 000 personnes meurent de faim et presque un milliard d'humains sont sous-alimentés», a-t-il indiqué. Citant le dernier rapport du FAO, il a précisé que la production agricole mondiale actuelle pourrait nourrir 12 milliards d'humains. «Alors que nous ne sommes que 6,5 milliards. Donc, la faim est faite de main d'hommes. Un enfant qui meurt de faim maintenant est un enfant assassiné !», a déclaré l'auteur du livre Le Droit à l'alimentation. D'après lui, presque 90% des pays du Sud sont totalement asservis en matière d'exploitation des richesses et de transfert de capitaux. Concernant l'Algérie, il a salué le dernier code d'investissement imposant la règle de 49/51. Il a également évoqué «les efforts» des dirigeants du Venezuela et de la Bolivie de «reconquérir la souveraineté» de l'Etat sur ses richesses. Pour lui, l'expropriation de certaines entreprises pétrolières et gazières en Bolivie est une manière de mettre fin au pillage. «Les milliards de dollars récupérés permettent aujourd'hui d'améliorer la scolarisation des enfants, de lutter contre les épidémies et la pollution de l'eau», a-t-il appuyé. Parlant du Conseil onusien des droits de l'homme, Jean Ziegler a relevé «l'extrême dynamisme» de la diplomatie algérienne. «Cette diplomatie domine totalement le groupe arabe et africain au sein de ce conseil. On retrouve l'héritage de cette Révolution à travers cette diplomatie», a-t-il souligné.