Un crime dont sont comptables les élus locaux, l'administration et aussi la société civile, coupable elle aussi de silence et de non-assistance à patrimoine en danger. La statue la plus prestigieuse qui a subi les affres destructrices est celle du sculpteur Emile-André Boisseau. Intitulée «Le philosophe grec Diogène brisant son écuelle à la vue d'un enfant qui boit dans sa main», l'œuvre, d'un raffinement indéniable, a été réalisée à la fin du XIXe siècle pour être exhibée à Paris lors de l'exposition universelle de 1900. Elle séjournera par la suite au Panthéon, avant de se retrouver à Skikda lors des célébrations du centenaire de la colonisation. La statue est délaissée aujourd'hui comme un vulgaire amas de pierre dans un quelconque jardin public à la rue Zighoud Youcef (la Résidence). La représentation en marbre du philosophe grec a déjà perdu son nez, ses deux bras et ses orteils. Une deuxième œuvre, et non des moindres, subit elle aussi cette «vendetta». Il s'agit de la sculpture de Taluet, représentant Brennus le Gaulois. Elle fut commandée par l'ancienne mairie de Skikda (Philippeville à l'époque) et inaugurée le 7 juin 1879. Elle, non plus, n'a pas échappé au «lynchage» puisque Brennus ne repose désormais que sur un seul pied, l'autre ayant été amputé. Toujours dans les jardins de la Résidence, une autre œuvre en marbre, du sculpteur Eugène Thyvier, connaît le même sort. Intitulée «Le Rêve», elle représente le songe d'un enfant. Là aussi, des mains indélicates et destructrices ont brisé et les jambes et les bras de l'enfant, qui ne garde encore que son buste.