L'intention de George Bush de retirer la Corée du Nord de la liste des Etats soutenant le terrorisme ne fait pas l'unanimité et des divisions entre alliés semblaient avoir empêché les Etats-Unis de le faire. “Aucune décision n'a été prise pour le moment”, a déclaré vendredi après-midi le porte-parole du département d'Etat, Sean McCormack, au sujet de l'établissement de la liste des Etats soutenant le terrorisme. Mais, selon le site internet du quotidien Miami Herald vendredi soir, le président américain George W. Bush pourrait “retirer la Corée du Nord de la liste des pays qui soutiennent le terrorisme dès samedi”. Le quotidien, qui cite des responsables du département d'Etat ayant requis l'anonymat, souligne que la décision a été finalisée après des consultations avec les Japonais, qui sont opposés au retrait de la liste, et “un intense débat” au sein même de l'administration Bush. M. McCormack avait indiqué vendredi que la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice “a eu ce matin des entretiens téléphoniques” avec ses homologues japonais Hirofumi Nakasone, chinois Yang Jiechi et sud-coréen Yu Myung-Hwan. Mme Rice a l'intention de s'entretenir avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov “dans les jours qui viennent”, avait ajouté le porte-parole. M. McCormack s'est abstenu de faire état publiquement de divisions au sein des négociations à Six (Etats-Unis, Chine, Russie, Japon et les deux Corées) mais il a souligné à plusieurs reprises que ces négociations étaient “un mécanisme fondé sur le consensus”. “Nous verrons si nous arrivons au point où nous aurons un protocole et un régime de vérification sur lequel l'ensemble des Six peuvent tomber d'accord, ce qui permettrait à ce processus de progresser”, a-t-il ajouté. Plus tôt, un porte-parole du gouvernement japonais avait clairement exprimé son opposition à un retrait de la liste, rappelant que Pyongyang venait d'interdire l'accès de ses sites nucléaires aux inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). “Nous n'en sommes pas au point d'un retrait immédiat de la liste des Etats soutenant le terrorisme”, a déclaré le porte-parole, Takeo Kawamura. “Ce que nous disons aux Etats-Unis, c'est qu'il y a encore des détails à confirmer”. Pyongyang doit fournir à ses partenaires des négociations les modalités d'inspections de ses installations nucléaires, qui prévoient des inspections surprises des sites nucléaires et l'accès à des échantillons de matériaux et d'équipements. Mais le régime communiste soutient que ces inspections ne figuraient pas dans l'accord de dénucléarisation signé en 2007, dénonce une atteinte à sa dignité et menace de relancer ses installations nucléaires et d'y réintroduire des matériaux fissiles. Le négociateur américain Christopher Hill s'est rendu la semaine dernière à Pyongyang pour tenter de débloquer les négociations, mais n'a donné aucun détail sur ses discussions. Avant son départ, Washington envisageait, à titre de compromis, que Pyongyang remette ce document à la Chine, hôte des pourparlers à Six et proche alliée de la Corée du Nord. En échange, les Etats-Unis retireraient provisoirement la Corée du Nord de leur liste noire, ce qui permettrait à Pyongyang d'affirmer que ce retrait était intervenu avant la mise en place du plan de vérification. Le journal sud-coréen Chosun Ilbo a assuré que Washington et Pyongyang étaient tombés d'accord pour que la Corée du Nord reprenne le processus de démantèlement de ses installations nucléaires dès que Washington annoncera le retrait de la liste infamante. R. I./Agences