Vendredi, la plage Larbi Ben M'Hidi (ex-Jeanne d'Arc) sur le littoral skikdi. Temps chaud et humide, ciel dégagé, mer peu agitée. Des centaines de parasols parsèment l'étendue de sable. Des parasols de toutes sortes et de toutes les couleurs. Il y en a par dizaines, et qui se ressemblent parfaitement. Il s'agit d'espaces privés, de tables et parasols de location. Là, la plupart des concessionnaires ont pensé qu'il était utile de serrer leurs parasols de façon à créer des solariums compacts. « L'idée en est d'obtenir une large surface d'ombre, espace convivial partagé par les familles qui viennent », explique un exploitant. L'autre idée, inavouée celle-là, est d'installer le plus de parasols sur la parcelle dont on dispose pour en tirer le maximum de bénéfice. On peut voir également des estivants s'abriter du soleil sous des tentes improvisées constituées d'un drap maintenu par deux bouts de bois. L'eau de mer est un peu froide. C'est pourquoi peut-être on voit les estivants passer plus de temps allongés à même le sable sur une serviette ou une chaise pliante. C'est cette détente, cette relaxation qu'on vient chercher ici au bord de la mer. Les enfants, eux, ne sont pas tout à fait de cet avis. Pour eux, rien n'égale la nage, les plongeons et autres acrobaties dans l'eau, même si certains préfèrent piocher dans le sable jusqu'à dénicher l'eau ou édifier des forts en sable et d'autres activités ludiques. Et ce ne sont pas les articles de jeu qui manquent : boîte à outils en plastique contenant pioche, pelle et râteau. On peut aussi voir ici toute une panoplie de bouées et d'objets flottants, des masques et autres accessoires de plongeurs subaquatiques pour enfants. Les magasins vendant ce genre de gadget n'ont pas chômé cet été. La plupart de ces articles sont importés presque exclusivement de Chine. Parmi les kiosques qui longent la plage Ben M'Hidi, il y en a d'ailleurs certains qui se sont reconvertis pour investir dans le commerce des articles de plage. Mais les autres, les gérants de crémeries se montrent conservateurs. Et ils ont bien raison. Ces crémeries avec vue sur mer sont prises d'assaut par les familles aux heures d'affluence, en l'occurrence la soirée. Les gérants de cafés et fast-foods ne sont pas en reste. Il y a du monde ici dans cette station balnéaire : beaucoup d'estivants des régions intérieures du pays et de l'étranger. Difficile d'en estimer le nombre ; les vagues de vacanciers ne cessent de déferler sur cette partie très prisée du littoral skikdi. C'est clair, il y a de moins en moins de place libre sur la plage, et les parkings et tous les bungalows et villas qui longent le front de mer sont occupés. Sur la plage, difficile de « dénicher » une place pour implanter son parasol. Les solariums privés encombrent l'espace au point de gêner la libre circulation des estivants. La plupart des plagistes ont installé des cordes de délimitation, ne laissant que des couloirs rétrécis dont certains se terminent en cul-de-sac ; pourtant l'article 13 du cahier des charges relatif à l'exploitation des solariums interdit l'utilisation de barrières ou de cordelettes, et avertit contre l'empiétement sur l'espace réservé aux estivants et le non-respect du périmètre réservé à l'activité. Autre constat que déplorent les estivants, le choix discriminatoire des lots affectés aux plagistes. Ces derniers ont été favorisés au détriment des estivants. « Pour la vingtaine de concessionnaires activant sur la plage Larbi Ben M'Hidi, on a réservé la bande de la plage la plus propre, celle située entre le 1er et le 5ème poste d'observation de la Protection civile », contestent des estivants. L'autre partie de la plage est peu fréquentée en raison de sa pollution. « En définitive, l'on ne nous laisse pas le choix, on est obligés de débourser 50 DA pour le parking et de louer un parasol avec une table et quatre chaises entre 600 et 800 DA. Moi j'appelle cela de l'arnaque ! » nous dira un estivant mécontent.