Les éclairages fournis par le premier argentier du pays, Karim Djoudi, mercredi dernier, relatifs à certaines dispositions, au demeurant décriées et contenues dans la loi de finances complémentaire 2009, s'apparentent à un coup d'épée dans l'eau. Responsables d'organisations patronales et producteurs nationaux, du moins ceux contactés, ne sont nullement convaincus par les arguments officiels. Mohand Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), qui se dit « acculé » par autant de « mesures contraignantes », souligne que le gouvernement a péché par « absence de concertation avec les partenaires économiques ». « Prendre des mesures à contre-courant des attentes des chefs d'entreprise risque de créer des pénuries à l'avenir sur le marché », prévient-il. Même s'il dit partager le souci du gouvernement à réduire la facture galopante des importations, notre interlocuteur estime « illogique de mettre dans le même sac les opérateurs économiques et les importateurs inutiles ». Il plaide pour la mise en place d'une liste de produits « inutiles » à proscrire définitivement du circuit des importations. « Le gouvernement a tous les moyens que lui confère la loi pour mettre un terme aux trafiquants. Il faut faire la part des choses », suggère-t-il, en appelant les pouvoirs publics à revoir leurs nouveaux choix économiques. « La LFC ne devrait pas chambouler les équilibres instaurés par la loi de finances initiale. Elle devrait seulement apporter juste quelques réajustements (…) Ce n'est pas une honte de revoir certaines mesures », concède-t-il. La CNPA compte interpeller, note son président, par « écrit officiel » le ministre des Finances afin de s'asseoir autour d'une table pour tirer les choses au clair. « Il y a des incompréhensions et des choses qui gênent les opérateurs économiques. Il doit nous recevoir », s'exclame-t-il, en déplorant toutefois la réaction « en rangs dispersés » des organisations patronales, toutes catégories confondues. « Avant d'interpeller le gouvernement, on devrait se concerter et dégager une démarche commune. C'est la meilleure manière de se faire entendre. Malheureusement, on n'est pas dans ce cas de figure », regrette-t-il. Abdelwahab Ziani, président de la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire, affiliée à la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), est loin d'être rassuré par la sortie de M. Djoudi. « On n'est pas rassuré. Les explications du ministre des Finances restent incomplètes. Il n'a parlé que du crédit à la consommation », déplore-t-il, en prévenant que « si on continue avec ce système de blocage (crédit documentaire et annulation de la procuration, ndlr), il y a un risque sur la production, notamment dans notre filière ». Par ailleurs, M. Ziani ne s'est pas encore remis au lendemain de l'application de ces dispositions. « On ne fait pas comme ça à la veille du Ramadhan. Notre approvisionnement est bloqué et nos fournisseurs à l'étranger sont déçus. Ces mesures c'est comme un couteau planté dans le dos », commente-t-il, en soulignant que le gouvernement devrait au moins donner plus de temps aux producteurs nationaux afin de mieux se préparer et réceptionner loin de tout blocage leurs marchandises. Ceci étant, la Fédération nationale de l'industrie agroalimentaire compte tenir demain une assemblée générale pour dégager une action idoine, conclut M. Ziani.