L'interdiction des crédits à la consommation décidée par le gouvernement est présentée comme une des dispositions permettant de lutter contre l'endettement des ménages, mais d'autres analystes affirment que le but inavoué est de freiner l'importation des véhicules neufs. Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association professionnelle des banques et établissements financiers (ABEF), avait estimé, en juin dernier lors d'une émission à la Radio nationale, « inconsidéré le risque de surendettement des ménages ». Pour lui, les crédits bancaires accordés aux particuliers, dont les crédits à la consommation, s'élèvent à hauteur de 250 milliards de dinars. Ces crédits comprennent les prêts à l'immobilier qui représentent pour plus de 110 milliards de dinars. Quant aux autres crédits aux particuliers, ils sont évalués à 100 milliards de dinars et servent à financer l'achat d'équipements électroménagers, des véhicules ou les études, « un créneau quelque peu prometteur ». Le niveau des impayés bancaires est de l'ordre de 2 à 2,5%. Contacté par nos soins, il confirme les chiffres, mais ajoute que « le phénomène s'amplifie ». Selon lui, certes, le citoyen est pénalisé, mais il fallait que le gouvernement réagisse face au parc automobile qui s'agrandit. C'est une manière « de réorienter les investissements valorisants par un accompagnement sur un marché en évolution. Il fallait cesser la situation qui voulait qu'il reste un marché éternel où il y a des consommateurs, d'un côté, et des vendeurs, de l'autre ». Il a constaté qu'entre 35% et 40% des crédits aux particuliers allaient vers l'achat de véhicules. Ainsi, ce secteur n'est pas un moteur de croissance, car des sommes énormes sont transférés à l'étranger. « C'est de l'importation perpétuelle d'accessoires et de pièces de rechange. La consommation d'accessoires est durable et répétitive. Quand on vend 2,4 ou 10 voitures, on nous vend en fait un marché d'accessoires sur 10 ans », dira-t-il. En raison de l'explosion des ventes de véhicules neufs, les importations annuelles de pièces de rechange dépassent largement un demi-milliard de dollars. Ainsi, les postes d'emploi créés par les concessionnaires sont assimilés à de l'investissement commercial vulnérable, car il n'y a pas de durabilité de l'impact économique. Du côté de l'Association des concessionnaires automobiles d'Algérie (AC2A), l'avis dominant est que cette interdiction aura des incidences négatives directes sur la vente des véhicules qui connaîtra une baisse sensible. La vente à crédit a constitué 30% du chiffre d'affaires globale des concessionnaires depuis que la formule des crédits à la consommation est en vigueur. Chaque concessionnaire se trouve confronté à une nouvelle situation qui n'était pas du tout prévue.