Le responsable de l'Association des banques et établissements financiers a indiqué que 700 000 clients en bénéficient. L'Algérie n'est pas totalement à l'abri d'une crise financière telle que celle subie par les Etats-Unis. Les conditions actuelles ne plaident pas, certes, pour cette éventualité, mais les responsables concernés doivent avoir à l'esprit qu'un renversement de situation est possible à tout moment. Il faut savoir que le recours de plus en plus au crédit à la consommation, qui a causé le surendettement de quelques milliers d'emprunteurs algériens, risque de produire, s'il n'est pas maîtrisé, le même scénario que celui vécu en Amérique. Car la crise des subprimes en Amérique, faut-il l'expliquer, est partie des crédits immobiliers mal maîtrisés avec une très forte dose de spéculation et une anticipation de plus-values immobilières qui ne sont pas réalisées. Mais notre pays n'en est pas encore là. Le crédit particulier est un segment naissant qui évolue à un rythme accéléré en Algérie. Car les banques algériennes sont encore essentiellement des banques d'entreprises. Elles financent ainsi des milliers d'entreprises. Les crédits aux particuliers sont de ce fait moins importants. Ils ne représentent, selon M. Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association de banques et établissements financiers (Abef), que 8 à 10% des portefeuilles. Ce qui équivaut, indique-t-il, à plus de 210 milliards de DA sur 2 300 milliards de DA d'engagements et de crédits à l'économie, aux entreprises. “L'Algérie fait face à un marché en pleine émergence qu'il faut pouvoir maîtriser”, ajoute-t-il. En termes plus clairs, M. Benkhalfa précise que le crédit aux particuliers (ou à la consommation) nécessite à la fois une maîtrise parfaite du budget familial. Les 700 000 créditeurs doivent avoir, autrement dit, cette culture de l'endettement. Les dirigeants des établissements financiers auront, quant à eux, à anticiper les risques. “Pour l'instant, ni la spéculation ni les montants en jeu et encore moins les pratiques de crédit ne peuvent mettre l'Algérie dans la même situation que celle à laquelle sont confrontés d'autres pays victimes de la crise des subprimes”, tient à rassurer le délégué général de l'Abef. La centrale des risques opérationnelle en 2009 Mieux, sur les 210 milliards de crédits aux particuliers, deux tiers, soit 140 milliards de DA, sont des prêts à l'immobilier. Or, “les crédits à l'immobilier ne sont pas des crédits à la consommation”, relève Abderrahmane Benkhalfa. Bien au contraire, renchérit-il, ils constituent un investissement pour les personnes et les ménages. C'est aussi un investissement qui permet aux entreprises, notamment celles du bâtiment, de fonctionner. Le tiers restant est composé de biens souvent d'importation. “Le crédit aux particuliers lorsqu'il est rattaché à des investissements à des productions dans le pays nous fait entrer dans un cercle vertueux parce que la demande augmente, et par la même le marché se développe. En revanche, quand le crédit concerne les biens importés et surtout non maîtrisés, il peut se transformer en cercle vicieux”, souligne-t-il. Pour le délégué général, l'Algérie n'en est pas encore là. La particularité du marché algérien est que les deux tiers de ces crédits concernent le secteur de l'immobilier. “Les crédits à l'immobilier demeurent des prêts sains avec des taux d'impayés faibles. Il y a lieu néanmoins d'anticiper pour éviter le risque de surendettement”, argue-t-il. Et l'installation dès 2009 de la centrale des risques au sein de la Banque d'Algérie permettra aux établissements financiers de vérifier à tout moment le niveau d'endettement d'un ménage afin de l'aider à éviter tout risque de surendettement. Tout prêt accordé à un particulier est obligatoirement enregistré dans cette centrale, en structuration actuellement à la Banque d'Algérie. Cette opération se fera cependant suivant un dispositif réglementaire qui veille sur la confidentialité et la préservation des données individuelles. Toutes les banques et les établissements financiers agréés doivent ainsi donner l'information sur leurs clients à la centrale des risques et peuvent également consulter celle-ci selon certaines règles. La responsabilité reste toutefois celle de l'emprunteur. Il faut que celui-ci sache que le “crédit est un complément du pouvoir d'achat, et non pas un nouveau pouvoir d'achat”, rappelle-t-il. Cette maîtrise de l'endettement évitera des impayés aux particuliers et une défaillance à la banque. À ce propos, M. Benkhalfa, reprenant les statistiques des établissements financiers de la place, affirme que le taux de défaillance des banques reste faible. Les créances que détiennent les banques sur les particuliers qui n'ont pas pu rembourser leurs prêts sont estimées, selon le délégué général de l'Abef, à près de 4% du montant global alloué aux crédits. Les risques, soutient-il, sont encore localisés en Algérie, demeurent sur le marché national et les mauvaises créances ne sont pas diffusées de par le monde tel que c'est le cas aux Etats-Unis. Badreddine KHRIS