Comme à l'accoutumée, les ménages se mettent sur leur trente et un pour accueillir le mois sacré. Une animation perceptible s'est emparée depuis quelques jours de la place publique. Du matin jusqu'au soir, les marchés publics et les magasins de vente d'ustensiles de cuisine, de victuailles et d'articles de décoration vivent au quotidien un engouement populaire qui monte crescendo. Tous les foyers s'attellent aux menus préparatifs pour être fins prêts pour l'avènement du mois du jeûne qui risque, cette année encore, d'être douloureux pour la majorité des ménages à revenu faible ou modeste. La couleur en est déjà annoncée avec les sempiternelles surenchères qui caractérisent certains produits de large consommation pour ne citer que l'huile de table et le sucre, dont les tarifs jusqu'ici affichés viennent de connaître une sensible augmentation. Le poulet évidé qui a atteint les pics de 350 DA/kilo, tout comme la flambée des prix des viandes rouges sont autant de motifs d'inquiétudes qui donnent d'ores et déjà un avant-goût sur ce que sera Ramadhan cuvée 2009. Mais peu importe, le consommateur (l'éternel dindon de la farce), ayant l'habitude de se faire bouffer à toutes les sauces, fait contre mauvaise fortune bon cœur et tente de sauver les meubles. Mères et pères de famille arpentent à longueur de journée les ruelles et les places commerçantes pour faire les ultimes achats en denrées alimentaires et surtout en épices (pour l'assaisonnement des plats). Une cohue indescriptible de chalands, essentiellement des femmes et de jeunes filles, s'agglutinent devant les étals et à l'intérieur des commerces versés dans la vente de produits décoratifs, d'ustensiles de cuisine, d'articles en poterie tels le « tadjine », ou encore de produits de menuiserie traditionnelle à l'image de la somptueuse « gassaâ » qui fait recette. Les superettes et les boutiques d'alimentation générale ne désemplissent pas non plus. C'est une véritable frénésie de la « consommania » qui s'empare des ménages. Depuis quelques jours, et au moment où les bruyants cortèges nuptiaux tirent leurs dernières salves de décibels et d'apparat, l'heure est désormais à l'acquisition des denrées habituelles afin d'affronter le mois sacré. Nous avons constaté de visu que la plupart des clients s'approvisionnent à crédit auprès de l'épicerie du quartier. Après l'achat de la quantité de blé vert « f'rik », ingrédient indispensable à la préparation de la chorba, le beurre, l'huile de table, les plaquettes d'œufs, le sucre, les raisins secs, les pruneaux, le miel et « khatfa » pour la confection de l'incontournable et ragoûtant « bourek », constituent l'essentiel des achats. « Pour atténuer un tant soit peu les lourdes dépenses induites par le Ramadhan et me prémunir contre la flambée éventuelle des tarifs des légumes à l'approche de ce mois, j'essaye, comme chaque année, de prendre mes devants en congelant quelques produits nécessaires tels le haricot vert, l'oignon, les tomates, le poivron et le piment », a affirmé une veuve, mère de quatre enfants. Commerce lucratif par définition, l'exquise « zlabia », cette confiserie bien de chez nous, se met au goût du jour. Preuve en est que plusieurs locaux sont en train de se transformer en négoce en la matière. Face à l'inertie et l'immobilisme des pouvoirs de contrôle et de répression, il est quasi certain que son prix (zlabia) va être revu à la hausse. Confirmation dans quelques jours !