Avec l'embrasement des prix des produits de large consommation, le mois du jeûne s'annonce, cette année, pénible,voire douloureux pour de larges franges de la population. A Mila, comme un peu partout ailleurs, l'on ne déroge toutefois pas à la règle : l'heure est aux préparatifs. Dans les principales artères commerçantes des grands centres urbains de la wilaya règne une perceptible animation, annonciatrice de l'approche du mois sacré. Les magasins, proposant vaisselle et autres ustensiles et articles de décoration, sont bondés : une foule compacte et diverse s'affaire, à longueur de journée, dans les boutiques regorgeant de victuailles, les grandes surfaces, les bazars et les échoppes bien achalandées en articles ménagers. C'est incontestablement à la gent féminine qu'incombe ce genre de corvée, et c'est elle qui tient le devant de la scène par une présence étoffée. Tradition oblige, la quête du fameux « tadjine » servant à la cuisson de la galette, et l'ustensile en céramique pour l'incontournable « chorba f'rik » est remise au goût du jour. La priorité, ces jours-ci, est consacrée à la propreté : dans la plupart des foyers, c'est le ménage à grande eau. Quant à la cuisine, elle est carrément l'objet de petits soins, si bien que les appareils ménagers, tels réfrigérateurs, cuisinières, fours électriques et robots ménagers sont nettoyés et minutieusement entretenus. Quelques mères de famille avisées ont même eu l'idée d'acheter des posters et des cadres décoratifs pour embellir kitchenettes et salons, en prévision des belles veillées ramadhanesques. Halima M., une jeune employée dans un cybercafé et Sabrina B., informaticienne de métier, soulignent que la préparation du mois sacré est une seconde nature chez la femme, « même si nos obligations professionnelles nous empêchent d'y participer, il y a toujours la maman et la sœur aînée pour s'occuper des préparatifs ». La détresse des pères de famille Faisant bon cœur contre mauvaise fortune, les chefs de famille, face à la spirale inflationniste qui a touché les produits stratégiques, s'apprêtent à affronter un Ramadhan qu'ils redoutent au plus haut point. L'approvisionnement des ménages en denrées alimentaires de base, a déjà commencé. La semoule et l'huile de table, selon les constations faites ici et là, sont très sollicitées ces jours-ci, d'autant plus que ces deux produits ont affiché, il y a quelques jours, des prix prohibitifs. Et la rumeur n'en finit pas d'enfler : d'après radio trottoir, le prix du bidon d'huile de 5 l a flirté avec les 600 DA dans certaines localités. Information vite battue en brèche par quelques commerçants, qui affirment que « ledit produit n'a enregistré aucune hausse supplémentaire et que son prix n'a pas dépassé les 480 DA, au pire 500 DA ».Spéculation, fantaisiste ou ballon-sonde ? En tout cas, plusieurs pères de famille préfèrent prendre les devants, en s'assurant une marge plus ou moins conséquente en victuailles, sujettes à une éventuelle flambée, quitte à rogner davantage sur le budget (déjà sous perfusion) de la famille. Une chose est sûre : du citoyen lambda au rupin qui mène un grand train de vie, le Ramadhan n'aura pas la même saveur.