Décidément, l'APC de Constantine ne semble pas concernée par l'anarchie indescriptible qui règne depuis des mois au marché Messaïd Abdelmadjid de la cité Daksi Abdesselam. Un projet qui a coûté des milliards au contribuable pour se transformer en souk anarchique où les saletés et les décharges sauvages s'amoncellent durant des semaines. «La situation est devenue catastrophique avec ces déchets qui s'accumulent depuis l'ouverture de ce marché, et que les services d'hygiène de la commune ne viennent pas ramasser, comme s'ils n'étaient pas concernés par l'entretien de ce quartier», regrette le président de l'association de quartier, rencontré sur les lieux. « De temps à autre une entreprise de nettoyage conventionnée avec l'APC effectue la collecte des ordures uniquement près des immeubles, mais ne touche pas aux déchets jetés par les commerçants à l'intérieur comme à l'extérieur du marché», a-t-il affirmé. Les habitants de la partie inférieure n'on cessé de réclamer la propreté et le calme à proximité de leurs immeubles. «C'est un cauchemar que nous vivons depuis deux ans avec ces tas d'ordures qui attirent les chiens errants, le bruit des klaxons et la pollution des bus desservant El Gammas, qui marquent des haltes non autorisées à côté des immeubles, en plus du stationnement des voitures sur les trottoirs; la cité est noyée dans une anarchie indescriptible», se plaignent-ils. Ils évoquent surtout l'insécurité qui règne dans les parages où les agressions sont devenues fréquentes. «Il est impensable qu'un lieu de commerce comme celui-ci ne soit pas encore sécurisé, alors que de nombreux commerçants et habitants ont été victimes d'agressions», soulignent-ils. Tous les espaces sont squattés Le marché qui a été structuré en 2008 par l'APC, avec la construction de 737 locaux commerciaux, connaît une anarchie totale. En plus du non-respect des espaces réservés à l'activité commerciale, l'on constate que même les passages aménagés entre les locaux ont été squattés. D'autre part, des locataires n'hésitent pas à exploiter des espaces devant leurs boutiques pour y exposer leur marchandise. «On vend n'importe quoi, n'importe comment, en toute impunité ; l'on se demande où sont passés les services d'hygiène et de contrôle », s'interroge un passant. L'on ne peut comprendre que des produits alimentaires soient proposés à la vente en plein air, sur des étals de fortune, et que des vendeurs ambulants exposent de la viande et autres abats sur des tables répugnantes de saleté ! Certains commerçants nous ont avoué que des locaux ont même été sous-loués à raison de 40 000 DA/mois. Une pratique interdite qui, pourtant, se généralise au vu et au su des services de l'APC, lesquels brillent par leur absence. Au marché Messaïd, l'informel semble avoir de beaux jours devant lui. Les vendeurs de fripe, qui n'ont pas bénéficié de locaux, sont revenus en force à la faveur du désordre qui y règne. Comme au bon vieux temps de l'ancien marché, la fripe est vendue sur un terrain vague, dans la gadoue. Une mauvaise image qui continue de coller à une ville dont le sort demeure toujours lié, comme une fatalité, à ce commerce informel. «Il y a des vendeurs informels qui viennent de toutes les communes de la wilaya, et même des wilayas limitrophes pour activer dans ces lieux », ont déclaré des commerçants. Pour les responsables du secteur urbain de Sidi Mabrouk, dont dépend administrativement le marché, le problème de la collecte des ordures sera réglé après l'entrée en service des dix-huit microentreprises ayant signé récemment des conventions avec l'APC. «Ces entreprises ont-elles vraiment les moyens de faire face à ces quantités importantes de déchets jetés chaque jour ? » s'interrogent les riverains. Quant à la manière avec laquelle la mairie compte réorganiser le commerce à l'intérieur du marché, la question demeure encore sans réponse.