En tentant de sauver le régime d'El Gueddafi, l'Algérie s'est retrouvée isolée au sein de la Ligue arabe, puis marginalisée à l'ONU et enfin totalement ignorée à Londres, où se sont retrouvés une quarantaine de pays pour discuter de l'avenir de la Libye. Surprise et silencieuse pendant et après les révolutions en Tunisie et en Egypte, l'Algérie officielle s'est résolument placée du côté d'El Gueddafi lorsque l'insurrection a débuté en Libye. S'il n'y a aucune preuve, pour le moment, d'un soutien militaire ou logistique au dictateur libyen, le soutien politique et diplomatique est par contre évident. L'Algérie n'a, à aucun moment, condamné, ni même dénoncé, la répression sanglante d'El Gueddafi contre son peuple. Il ne s'agissait pourtant nullement d'une répression policière presque «classique» commune à tous les régimes de la région, mais de bombardements à l'arme lourde de civils à l'intérieur des villes. Mieux, le régime algérien a repris, à son compte, l'ensemble des arguments d'El Gueddafi, qu'il a lui même repris de Ben Ali et de Moubarak : risque de guerre civile, partition du pays, Al Qaîda, etc. Au lieu de comprendre la nouvelle orientation de la marche de l'histoire, le régime algérien tente de la bloquer avec le secret espoir que le vent de liberté qui souffle sur la région soit stoppé aux portes de Tripoli. El Gueddafi est devenu, à son insu, une sorte de digue qui sauvera les régimes autoritaires. Avec à l'est, une Tunisie et une Egypte en voie rapide de démocratisation, une Libye bientôt libérée d'El Gueddafi et qui se souviendra de la posture pour le moins inamicale de l'Algérie, et à l'ouest un Maroc, adversaire aussi éternel que l'est le conflit du Sahara occidental, la position de l'Algérie se dégrade. En allant à contre-courant de l'histoire, le régime algérien prend la responsabilité, en plus de la déroute diplomatique, d'isoler le pays dans son environnement en Afrique du Nord. Il est encore temps pour l'Algérie de prendre la bonne voie et se mettre au côté du peuple libyen. Cela permettra de se replacer aux côtés des peuples tunisien et égyptien et de redorer l'image de l'Algérie qui, aujourd'hui, ressemble à une dictature isolée, enfermée qui rame à contre-courant de l'histoire. A moins que «La Mecque des révolutionnaires» ne soit en train de se transformer définitivement en «capitale de la contre-révolution».