Le phénomène a pris une telle ampleur que l'OMS en a fait le thème de sa Journée mondiale de la santé célébrée le 7 avril dernier. «L'émergence et la propagation de germes pathogènes résistant aux médicaments se sont accélérées. De plus en plus de médicaments essentiels deviennent inefficaces», a déclaré la directrice générale de l'OMS, Margaret Chan. «Si nous ne prenons pas d'urgence des mesures pour corriger cette situation et en protéger les acquis, nous allons vers une ère post-antibiotiques, dans laquelle de nombreuses infections courantes ne pourront plus être soignées et recommenceront à tuer», a-t-elle averti. Ainsi, en 2010, près d'un demi-million de personnes ont contracté des formes de tuberculose multirésistante et un tiers d'entre elles en sont mortes. Pour l'OMS, cette résistance constitue une réaction naturelle aux microbes contenus dans les médicaments, mais elle peut être endiguée par un recours prudent et approprié aux antibiotiques. Pour le professeur Didier Pittet, qui travaille pour l'OMS, c'est l'ensemble de la société qui doit changer d'attitude : les malades consomment trop d'antibiotiques tandis que certains médecins en prescrivent plus qu'il n'en faut. A cette occasion, le ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière a fait savoir, lors d'une journée d'étude organisée à l'IPA, jeudi dernier, que l'Algérie avait pris une série de mesures visant à assurer à différents niveaux la surveillance et la lutte contre la résistance aux antimicrobiens à travers la mise en place d'un large réseau de centres nationaux de référence. Le Centre national de référence des mécanismes de résistance aux antibiotiques, relevant de l'Institut Pasteur d'Algérie, vient en tête des établissements nationaux chargés de la surveillance et de la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Ce centre contribue à la détection de nouveaux phénotypes de résistance aux antibiotiques chez l'homme et l'animal, la connaissance de l'épidémiologie des mécanismes de résistance et l'évaluation des risques de sélection de la résistance bactérienne pour conseiller une stratégie d'utilisation des antibiotiques. Il est également chargé d'étudier les conditions d'apparition de l'émergence des résistances bactériennes aux antibiotiques, contribuer à la surveillance épidémiologique de la résistance au niveau national et international et contrôler les souches résistantes aux antibiotiques envoyées par les laboratoires publics et privés. Le Centre national de référence de la tuberculose joue, pour sa part, un rôle important dans la prise en charge de l'identification et du typage moléculaires des souches de M. tuberculosis et la réalisation des études épidémiologiques sur la prévalence et sur l'incidence de la résistance primaire et de la résistance secondaire aux antituberculeux. Il contribue également à l'étude des mécanismes de résistance des mycobactéries aux antibiotiques. Le Centre national de pharmacovigilance et de matériovigilance (CNPMV) veille, de son côté, à la surveillance des effets des médicaments et dispense des cours, dont un cours africain, relatifs à la prescription et à l'usage rationnels des médicaments. Le Laboratoire de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP), centre de référence et centre collaborateur de l'OMS pour l'Afrique, veille, quant à lui, à la qualité et à la conformité des médicaments mis sur le marché, produits localement ou importés. Les comités locaux de lutte contre les infections nosocomiales installés au niveau de toutes les structures hospitalières veillent à la prévention et la protection des malades et du personnel de la santé. L'élaboration d'un plan sectoriel de lutte contre la résistance aux antimicrobiens est également prévu afin de renforcer les structures sanitaires existantes et sera accompagné d'un large programme de communication et d'orientation lié à la prescription médicale et à l'application des mesures prises pour la lutte contre les maladies nosocomiales.