Perdue au milieu d'une immense plaine, la commune de Sidi Beyzid qui s'étend sur une superficie de 6 639, 60 km2 à 64 km au nord-est du chef-lieu de la wilaya, fut la région la plus touchée par les exactions terroristes. Des centaines de personnes ont été assassinées dont 3 P/APC et des cheptels décimées. A peine sortie de sa torpeur, cette commune doit faire face aux conséquences de son exclusion. Aucun projet de développement n'a été inscrit depuis des années. En 2005, seules l'extension du siège de l'APC et l'étude relative au réseau d'AEP ont été retenues dans le cadre du plan communal de développement (PCD), selon le secrétaire général de cette APC. L'eau est inexistante et les citoyens s'approvisionnent par leurs propres moyens à partir de la localité d'Oum Ihrou, distante de 20 km. « Des citernes sont acheminées de cet endroit plusieurs fois par semaine par les services de l'APC pour la distribution de l'eau potable aux citoyens », nous dira le P/APC qui explique que faute de moyens, aucun forage n'a été réalisé sur place. En matière de couverture sanitaire, la situation est catastrophique. Un seul infirmier assure les soins d'urgence. Aucun médecin n'a été affecté à Sidi Beyzid depuis plus de 5 ans, malgré les demandes adressées à la direction de la santé publique. « Nos malades se rendent au secteur sanitaire de Hassi Bahbah, à 70 km. Le parcours se fait à dos d'âne, en charrette ou encore par taxi clandestin quand il est disponible », se lamentent les citoyens. La scolarité des enfants est une autre galère. Les élèves du 2e et 3e cycles font quotidiennement le va-et-vient vers le CEM et le lycée de Dar Chieukh, le chef-lieu de daïra. « Près de 300 élèves font la navette grâce au bus loué avec les cotisations de leurs parents », nous a déclaré le SG de l'APC. Cette dernière ne possède qu'un seul minibus de 14 places destiné au ramassage scolaire des élèves du primaire. Le problème du transport est à l'origine du taux important de déperdition scolaire selon les pères de famille que nous avons rencontrés. Aussi 70% des foyers ne sont pas raccordés au réseau électrique ; le gaz de ville n'étant pas une réalité dans cette contrée, l'approvisionnement en gaz butane pose problème à longueur d'année. Les citoyens se voient obligés d'aller acheter ce produit dans d'autres villes et villages à n'importe quel prix... Les 200 000 habitants de cette commune agropastorale vivent de l'élevage et de la culture des céréales. Les jeunes doivent patienter des années pour bénéficier d'un travail dans le cadre du filet social ou de l'emploi de jeunes. Le taux de chômage est évalué à 90 %. Dans le but de prendre en charge les centaines de désœuvrés que compte la commune, une maison de jeunes a été réalisée sans que les équipements suivent. Les jeunes chômeurs blasés ne la fréquentent plus. Les préoccupations de la population de Sidi Beyzid sont ailleurs. Il s'agit tout d'abord de se nourrir, de boire de l'eau potable et de se faire soigner.