Cela fait vingt-quatre jours que les Indignés grecs ne décolèrent pas. Et ils le font savoir en campant à la désormais célèbre place Syntagma, devant le Parlement. Mercredi, la situation s'est clairement envenimée. De violents affrontements ont opposé un groupe de jeunes à des policiers, en marge d'une manifestation contre un nouveau plan de rigueur. En effet, le gouvernement grec devrait prochainement mettre en place de nouvelles mesures d'austérité, en contrepartie des prêts internationaux qui ont permis à la Grèce, endettée, d'éviter la faillite. Des forces antiémeute ont été déployées en nombre pour repousser les manifestants. Equipés de grenades assourdissantes et de gaz lacrymogènes, les policiers se sont heurtés à des dizaines de jeunes armés de pierres et de bâtons, des escarmouches explosives qui auraient fait une douzaine de blessés. La manifestation s'est toutefois organisée de manière pacifique, à l'image du mouvement des Indignés. Selon la police, les manifestants étaient ce mercredi au nombre de 20 000, mais 40 000, d'après les médias grecs. Vote de confiance
Alors que dehors la grogne sociale ne faiblit pas, le Premier ministre grec, Georges Papandréou, s'affaire à améliorer le climat politique et économique. D'après la télévision publique Net, il aurait déclaré au chef de l'opposition de droite, Antonis Samaras :«Si je suis le problème, je ne vais pas rester bloqué sur mon fauteuil. Je peux débattre de tout.» Engagé dans une intense négociation avec son opposition, le Premier ministre a annoncé, mercredi dernier, le remaniement du gouvernement, suite à l'échec de la constitution d'un gouvernement d'union nationale, pour lequel il a demandé hier un vote de confiance. La formation de ce nouveau gouvernement est cependant conditionnée par le soutien de ce dernier au plan de sauvetage financier élaboré par l'Union européenne et le Fonds monétaire international. L'annonce de la nomination de nouveaux ministres, très attendue, a été faite hier soir. Papandréou sous pression
Par ailleurs, aucun projet d'élections anticipées n'a été envisagé, ce que critique fortement l'opposition. Le quotidien de droite, Elefthéros Typos, affirme que «la seule solution reste les élections (anticipées).»Aux pressions populaires et intra-gouvernementales s'ajoute la pression des créanciers de la Grèce, particulièrement celle de l'Union européenne et du Fonds monétaire international. Pour faire face aux prêts que son pays a dû contracter, M. Papandréaou souhaite faire voter, d'ici fin juin, un projet de loi budgétaire de moyen terme. Ce projet, qui renforcerait encore plus l'austérité, permettrait d'obtenir le déblocage d'une nouvelle aide financière. Mais le Premier ministre n'est pas au bout de ses peines : même son propre groupe parlementaire, le Pasok, est en proie à une «révolte» interne. Et ce n'est pas l'échec de la tentative de constitution d'un gouvernement d'union nationale qui lui attirera les grâces de la population, déjà profondément excédée par la situation. A noter, cependant, cette petite lueur d'espoir en provenance de Pékin : la Chine s'est dite prête, hier, à devenir un investisseur à long terme sur le marché de la dette européenne.