Aussi bien pour les gros sardiniers que pour les petites embarcations, l'arrivée de la bonite au large était attendue, si bien que, durant les mois de juin et de juillet de chaque année, chacun s'affairait à préparer le matériel de pêche Après avoir complètement disparu de nos côtes, voilà que la bonite est de retour. A la grande satisfaction de ses amateurs qui ne l'ont plus croisée depuis deux décennies. Habituée du golfe de Mostaganem, où elle avait fini par imposer son propre agenda, la bonite avait également son lot d'admirateurs et d'inconditionnels. Aussi bien pour les gros sardiniers que pour les petites embarcations, son arrivée au large était attendue, si bien que, durant les mois de juin et de juillet de chaque année, chacun s'affairait à préparer le matériel de pêche. Car il n'était pas question de rater le jour béni du mois d'août où la bonite se pêche à la traîne. Ce poisson très rapide, et qui se nourrit de petites sardines ou d'anchois, se laisse aisément prendre à un leurre constitué de plumes d'oiseau faisant office d'appât. Ce sont des lignes d'une dizaine d'hameçons qui sont traînées derrière une barque où viennent s'accrocher les superbes poissons. Lorsque leur taille s'affirme davantage, les bonites se regroupent en bancs autour des jeunes sardines qu'elles dévorent avec acharnement et les repoussent vers la surface de la mer, ce qui attire également mouettes et goélands. Ce sont les rondes aériennes et les spectaculaires plongées des oiseaux qui attirent les bateaux. Souvent, ce sont les thons rouges qui se joignent au carnage, donnant l'opportunité aux pêcheurs aguerris d'en pêcher quelques pièces qui atteignent des poids oscillant entre 2 et 3 quintaux. C'est dire combien cette chaîne alimentaire participe à relancer la campagne de pêche qui avait tendance à se morfondre. Du coup, c'est tout le marché du poisson qui se trouve relancé en ce début de ramadhan. Pêches miraculeuses Avec la rareté de l'offre, le retour de ce poisson sur les étalages profitera aux vendeurs qui ne le cèderont pas à moins de 400 DA le Kg. Il est vrai qu'à côté, le rouget – dont certains lots pourraient provenir de la filière du surgelé –, le pageot, l'espadon ou la crevette se négocient entre 600 et 1200 DA. La sardine, très peu appréciée durant ce mois de jeûne, s'écoule parcimonieusement à 100 DA. Contrairement à la « Melva », dont la chair est à la fois sombre et pâteuse, la véritable bonite à dos rayé possède une chair ferme et blanche qui la différencie totalement des autres thonidés. Poissons migrateurs et surtout carnivores, les bonites sont également des espèces grégaires, ce qui facilite leur capture. C'est pourquoi, dès l'apparition des premiers spécimens, ils seront plus d'une centaine de navires de différents tonnages à sortir à la recherche de ce poisson. Profitant de l'obscurité due à un croissant lunaire éphémère, petits et gros sardiniers n'ont de cesse d'écumer l'immense golfe s'étalant entre Arzew et Mostaganem. La nostalgie des pêches miraculeuses d'antan n'est pas près de s'estomper, surtout que la campagne devrait perdurer jusqu'au mois d'octobre. Période où les bonites reprennent leur migration vers des eaux plus profondes et plus chaudes.