Elles ont été les plus nombreuses à effectuer des démarches, à parler, à argumenter, à supplier pour que des aides financières destinées aux pauvres leur soient accordées. Depuis le début du Ramadhan, les gestionnaires du Croissant rouge algérien de Annaba son en état d'alerte maximale. Jour et nuit, ils sont à pied d'œuvre pour répondre à l'attente de plusieurs centaines de familles nécessiteuses issues des 12 communes de la wilaya. Meïdat El Hilal est devenue une tradition. Elle a dépassé les frontières locales et s'est transformée en action de bienfaisance régionale. Familles démunies et hôtes de la wilaya sont nombreux devant les locaux de cette institution à la mission humanitaire, ô combien noble. Les premiers arrivent à partir de 8h pour espérer décrocher un couffin leur étant quotidiennement destiné pour le f'tour et le s'hour. Les seconds, en provenance de différentes autres wilayas, se pointent à quelques minutes de la rupture du jeûne pour prétendre à un repas chaud complet à consommer sur place. A ces démunis et à ces hôtes, une autre catégorie d'assistés est venue se greffer. Elle est formée de victimes du grand virage économique opéré par l'Algérie. Sa composition est hétéroclite. Elle va du simple manœuvre au cadre gestionnaire en passant par les techniciens supérieurs et universitaires. Ils sont ainsi des milliers à vivre l'humiliation de la main tendue, de la misère et du chômage. Ils ne la tendent pas à tout le monde, ne se présentent pas devant les portes du C-RA ou toute autre association de bienfaisance pour quémander le couffin de denrées alimentaires. Dans leur approche, ils en appellent à la discrétion et à la compréhension d'un ami, une ex-relation de travail, un voisin proche dans un couloir, un bureau, une voiture. « Je m'excuse de te déranger, mais que veux-tu la conjoncture m'y oblige. Je n'ai plus rien. Même pas de quoi payer un sachet de lait à mes enfants. Peux- tu m'avancer 200 ou 500 DA que je te rendrai par la suite ? Je ne sais pas quand mais sois sûr, je te les rembourserai », disent ils tous comme s'ils avaient été regroupés pour apprendre la même supplique. Ces travailleurs d'hier transformés aujourd'hui en chômeurs ont peur de vivre avec constamment, sous leur regard, leurs enfants la faim au ventre. Que peuvent donc apporter le C-RA et les autres associations caritatives à l'image de « El Ihsène » pour alléger le fardeau de ces milliers de nécessiteux ? Avant le début du mois sacré, des âmes charitables ont fait du porte-à-porte auprès des administrations, opérateurs économiques privés, bienfaiteurs et âmes charitables. Les femmes ont été les plus nombreuses à effectuer des démarches, à parler, à argumenter, à supplier pour que des aides financières destinées aux pauvres leur soient accordées. L'on ne s'est pas arrêté aux SDF et familles démunies. Les pensionnaires des orphelinat et autres centres figurent dans la liste, pour être également pris en charge durant le mois du Ramadhan. C'est le cas de plusieurs centaines de pensionnaires des centres de recasement Sidi Belaïd, et Place d'Armes. Les femmes, à leur tête Mme Dridi, sont les principales animatrices de ces actions de bienfaisance et d'assistance à ceux qui sont dans le besoin. Le siège du C-RA est un autre lieu où chaque jour sont servis plusieurs centaines de repas familiaux alors qu'ils étaient moins importants aux premiers jours du Ramadhan. Les moyens financiers amassés (y compris ceux du fonds de solidarité de la wilaya), ont fondu. A moins d'une prompte réaction des âmes charitables et des bienfaiteurs, le C-RA ne pourra plus répondre aux sollicitations des nécessiteux. Son compte bancaire spécial Ramadhan est vide, et les stocks de denrées alimentaires sont épuisés. Pour cela, le Croissant rouge fait un appel au bon cœur des Algériens, précisément en ce mois sacré de piété, pour lui venir en aide à l'effet d'assumer les personnes nécessiteuses.