Située à quelques kilomètres du centre-ville, la cité Kouhil Lakhar, ex-Djnane Ezzitoune, est l'une des plus populeuses de Constantine. Ce quartier est connu par ses très vieux bâtiments, son architecture «bon marché», avec un semblant de balcon collectif, et leurs cours extérieures, rappelant «Dar Sbitar». Chaque matin, à 7h pile, vieux et jeunes installent leur «casino» dans la rue. L'endroit est d'ailleurs appelé «Las Vegas». Et ce sont alors des parties de rami, 13/24, bouchka, kharigua… Un commerçant de la cité, Mourad, se plaint qu'à cause de ces joueurs qui squattent la rue, aucune femme n'ose s'approcher de son local. «C'est un manque à gagner», déplore-t-il. Il faut avouer que ce mégaquartier est livré à lui-même depuis la mort de l'ex-président de l'association du quartier, qui était, de l'avis de tous, très dynamique. Il avait signé plusieurs projets pour la réhabilitation de cette cité, et aujourd'hui, tout est interrompu. Il y avait entre autres projets, celui d'une polyclinique, d'un terrain de jeux, la réfection des réseaux d'assainissement (problème très ancien)… D'ailleurs, une convention avec les présidents de quartier à Grenoble, en France, était en cours d'étude pour éventuellement trouver une solution à ce problème d'assainissement. Concernant l'absence totale d'hygiène dans ces lieux, certains l'imputent aux services de la commune. Quelqu'un lance: «Ce sont les services de l'APC qui doivent assainir le quartier, ce sont eux qui possèdent tous les moyens, humains et matériels, pour nettoyer les lieux en quelques minutes.» Hakim, un jeune du quartier, tient un autre discours: «Ca ne demande qu'un petit effort de notre part pour enlever ces ordures et redonner une belle image à notre quartier.» Hélas, ils ne sont pas beaucoup à être de son avis. D'autre part, le marché qui fait face à l'ex-Souk El fellah est fermé pour une raison connue des seuls locataires et autres responsables, et en attendant, les vendeurs de fruits et légumes investissent la rue, ne faisant qu'aggraver la situation au plan de l'hygiène. D'autre part, la délinquance fait rage dans cette cité. L'on s'y fait agresser au quotidien. Pas plus tard que la semaine dernière, un jeune de 23 ans a reçu un coup de couteau en plein cœur, qui l'a plongé dans le coma. Tous les habitants du quartier peuvent raconter des faits graves qui se déroulent tous les jours sous leurs yeux. Les vols de portables dont sont surtout victimes les filles, se comptent par dizaines. Une campagne de sensibilisation serait la bienvenue en direction de la population de ce quartier déshérité.