Un détenu du pénitencier de Blida aurait été agressé par un responsable des gardiens de la prison dans laquelle il est incarcéré depuis près de 13 mois, et ce, sans que l'agresseur ne soit, du moins pour l'heure, inquiété. C'est l'épouse du prisonnier, qui s'est présentée hier à la rédaction d'El Watan, qui a eu à constater les sévices subis par son mari lors de la visite hebdomadaire. « Il avait le côté gauche du visage tuméfié et il des hématomes au niveau de l'œil et de la joue. De même, il avait très mal à l'oreille droite », décrit-elle. Durant la dizaine de minutes qu'a duré l'entrevue dans le parloir, le détenu I. M. n'a le temps de raconter que brièvement à son épouse l'agression dont il a fait l'objet. « La semaine passée, au deuxième jour du Ramadhan, le gardien l'extirpe de sa cellule, le menotte et lui ligote les pieds. Ensuite il le jette dans un cachot où il passera une journée et une nuit entière. Le lendemain après le f'tour, il s'introduit dans le réduit et le roue de coups de pieds et de poings », relate l'épouse dans un sanglot, ajoutant : « Il n'a dû son salut qu'à l'intervention des autres gardiens et de quelques codétenus, qui ont crié à la hogra. » Cette agression ne semble être, selon elle, que la suite « logique » des abus commis par l'assaillant contre son époux, qui ne s'explique pas cet acharnement à son encontre. « Il se plaignait de cet individu depuis déjà près de deux mois, affirmant qu'il lui cherchait la petite bête. » Au début, ce n'était qu'un harcèlement psychologique et moral. Cependant, depuis trois semaines, « mon mari était vraiment à bout de nerfs du fait de ce traitement inhumain et injuste. Il appréhendait même que les choses ne prennent cette tournure », raconte-t-elle. La victime de cette agression aurait même demandé à être examinée par un médecin, requête à laquelle « on a opposé une fin de non-recevoir », affirme l'épouse du détenu. Cette dernière s'est d'ailleurs rendue hier, en compagnie de l'avocat de son époux, maître Bourayou, dans l'établissement pénitentiaire de Blida. Le directeur, qui a reçu une heure durant le prisonnier et son avocat, dit « ne pas avoir été au courant de ce fait gravissime, qu'il déplore et condamne au plus haut point », insiste l'avocat. De même, il a assuré qu'une enquête serait dûment diligentée afin faire toute la vérité sur cet « accident aussi affligeant qu'isolé » et de « prendre les sanctions et mesures qui s'imposent ». Le gardien « tortionnaire », si les faits sont avérés, sera ainsi traduit devant la commission de discipline et sera passible de radiation. « De même, des poursuites judiciaires peuvent être engagées par la direction de la prison si les accusations sont fondées », explique maître Bourayou.