Selon M. Selkim, les dispositions de la loi de février 1986 étaient “contraignantes”, puisqu'elles obligeaient les EPLF à subir le monopole des collectivités et de la Cnep, laquelle “imposait le lieu d'implantation, le listing des acquéreurs et le taux d'intérêt”. “Les EPLF sont les seules entreprises publiques à ne jamais avoir bénéficié d'assainissement financier lors de leur passage à l'autonomie en 1997. Nous allons demander un tel assainissement pour un effacement total des intérêts que notre bailleur de fonds, en l'occurrence la Cnep, revendique.” Ces propos ont été tenus hier par Mohamed Selkim, le président du groupement d'intérêt commun des 19 Entreprises publiques du logement familial (EPLF) d'Algérie, lors d'une conférence-débat qui s'est déroulée au centre de presse d'El Moudjahid. Pour le P-DG du groupe, l'“incohérence des statuts” des EPLF et l'ingérence des pouvoirs publics, jusque dans “la détermination des prix de vente” des logements, sont à l'origine des “perturbations et malentendus” dans les rapports avec la Cnep. Quant aux autres banques, il indiquera qu'elles proposent des “conditions draconiennes d'accès au crédit”, notamment en matière de garanties d'hypothèque, qui sont qualifiées d'exorbitantes. À l'exception du CPA et de la BDL qui ont contribué au financement de quelques opérations immobilières. Les EPLF sont issues de la dissolution de l'ex-Office national du logement familial (ONLF) qui est lui-même issu de la nationalisation de l'ex-Compagnie immobilière algérienne (CIA). En 1986, avec l'avènement de la promotion immobilière, les EPLF étaient encadrées par la loi 86/07, qui sera plus tard abrogée par le décret 93/03. Selon M. Selkim, les dispositions de la loi de février 1986 étaient “contraignantes”, puisqu'elle obligeait les EPLF à subir le monopole des collectivités et de la Cnep, laquelle “imposait le lieu d'implantation, le listing des acquéreurs et le taux d'intérêt”. En dépit des “impacts négatifs” du monopole du financement de logements et des contraintes apparues pendant la décennie noire, les EPLF n'ont pas failli à leurs engagements : elles ont, au contraire, respecté la construction des programmes immobiliers (logements, centres commerciaux et touristiques). Il a fallu attendre l'année 1997 pour voir les 19 EPLF (sur les 25 créées, 6 ont été dissoutes) accéder au rang d'entreprises publiques économiques (EPE), relevant ainsi des sociétés générales de participation (SGP) Centre, Ouest et Est-Sud. Dans son bilan, Mohamed Selkim a annoncé la réalisation de 107 826 logements promotionnels depuis 1985, en précisant que le programme en cours est de 19 438 logements. Il a aussi fait part de l'implication des EPLF dans la réalisation du programme de “1 million de logements” à l'horizon 2009, à travers la construction de 50 000 logements promotionnels et 80 000 logements LSP. Au cours du débat, l'intervenant n'a pas voulu révéler le montant des intérêts, constituant le contentieux financier avec la banque Cnep. “Nous ne voulons pas porter le chapeau tous seuls”, a-t-il soutenu, avant d'informer qu'il a adressé récemment un mémorandum aux pouvoirs publics dans lequel il les interpelle sur l'avenir des EPLF. Ce document, dira-t-il, passe en revue “toutes les difficultés rencontrées” par les entreprises depuis leur création, accompagnées de propositions pour “une véritable relance” du secteur de l'habitat. Parmi les propositions, on retiendra l'assainissement des relations avec la Cnep, par un arbitrage des ministères de l'Habitat et des Finances, “pour lever tous les malentendus générés ces dernières années au détriment des intérêts du citoyen”, la facilitation de “l'accès au foncier” pour le respect des délais de livraison des programmes arrêtés et la levée des contraintes liées à “l'obtention des permis de construire par les différentes administrations”, ainsi que la nécessité de clarifier “le statut d'opérateur économique de l'entreprise” face aux décisions de réquisitions des autorités locales, et l'institution d'une réglementation “claire” en matière de gestion et de définition du concept de maîtrise d'ouvrage. Concernant les créances détenues sur les collectivités locales et sur les entreprises bureaux d'études dissous, M. Selkim a indiqué qu'elles sont de l'ordre de 4 milliards de dinars. “Il y a une politique de recouvrement qui est engagée avec les SGP et les collectivités locales”, a-t-il signalé. Interrogé sur le pourquoi du recours à la main-d'œuvre étrangère dans le domaine de la construction, le conférencier a reconnu l'existence d'un “problème de management” en Algérie, non sans adhérer au fait que le pays dispose d'une main-d'œuvre qualifiée. “Nous avons des compétences locales et pour cela les Algériens ne doivent pas être les dindons de la farce”, a déclaré le président du groupement des EPLF. H. Ameyar