Veuillez prendre en charge le cas de Monsieur... dont la correspondance a été enregistrée par nos services sous le numéro... », c'est l'intitulé de copie de la lettre détenue par un chef de famille qui a habité sous le pont avec ses huit enfants après son expulsion de l'appartement qu'il occupait à la cité des 1240 Logements d'Ouled Yaïch. Subterfuge, fausse promesse, sursis ? C'est en tout cas la solution trouvée par l'administration de la wilaya, afin de se débarrasser de « citoyens » encombrants. Le père Ayad, chef de famille, dispose de documents prouvant l'ancienneté puis la continuité et la persévérance dans ses demandes d'un toit mais ni élus ni responsables n'ont accédé à son droit d'habiter la cité ! Combien de célibataires, de jeunes parvenus, de filles et femmes ont bénéficié dernièrement des largesses de la daïra et de la wilaya pour les logements distribués à Beni Mered et à Ouled Yaïch ? Simple chef de famille en détresse et ne comptant que sur ses bras, il sera même chassé de sous le pont où il avait érigé une tente à la manière des nomades et cela juste après notre venue et la prise d'une photo. La visite annoncée et sans cesse reportée du président de la République ne doit comporter aucune tâche, même humaine. Ne croyant plus en la compassion de son Etat, ce chef de famille refuse aujourd'hui à ses enfants de poursuivre leurs études ! Qui est perdant ? La commune ne dispose même pas d'un centre de transit pour ces cas pendant que des milliards sont engrangés par les zones industrielles et commerciales établies sur les terres de la commune. Voilà un homme qui a gardé -c'est le terme- un logement ayant appartenu à une personne fuyant le terrorisme de la dernière décennie et qui revient récupérer son bien pour le louer au triple de sa valeur initiale ; en guise de remerciement pour avoir sauvé d'une destruction quasi certaine les murs, M. Ayad se retrouve à la rue.