Il tient à le rappeler. Lui est membre du PAGS (Parti de l'avant-garde socialiste) depuis 1966. Mais il fait son autocritique, loin des schémas staliniens de l'époque : « Je suis un ex du PAGS, même si je n'avais pas compris le ''soutien critique'' (soutien des communistes algériens aux réformes de Boumediène selon le schéma du pays en voie de développement non capitaliste, le fameux PVDNC) ni la tentative d'alliance avec le FIS ». Moulay Chentouf est membre du tout nouveau Parti pour la laïcité et la démocratie (PLD). Parti né dans la douleur de la scission avec le MDS, héritier du Ettahadi-Tafat, lui-même fils du PAGS et petit-fils du Parti communiste algérien (PCA) fondé dans les années 1920. « Il n'y a jamais eu de cassure idéologique au sein du MDS, soutient Chentouf, juste des individualités qui se sont exprimées de manière opportune après la disparition de Hachemi Cherif (secrétaire général du MDS, décédé le 2 août 2005). Certains de l'intérieur même du parti ont été fatigués de militer, d'autres sont allés jusqu'à proposer des compromis avec un ''islamisme modéré''. L'implosion était inévitable », lâche Chentouf, la soixantaine, dynamique, dont le sort de ses enfants, de ses petits-enfants dit-il, lui tient plus à cœur que les théories politiques. « Je pense à ma fille qui bientôt terminera ses études en chirurgie pour à peine 30 000 DA pas mois, je pense à ses enfants : dans quelle Algérie vivront-ils ? Je pense à l'Algérie où un million de jeunes, bac plus ont quitté leur pays sans retour…Parler de gauche et de droite ce n'est vraiment pas la priorité ». Catastrophé, Chentouf secoue la tête : « Comment peut-on parler de gauche ou de droite alors que l'Etat est inexistant, en la présence toute puissante des partis d'Etat et des partis islamistes ?! Quand l'Etat était menacé d'effondrement durant les années 1990, démocrates et républicains ne se posaient pas la question d'être de droite ou de gauche, il y avait urgence. » Et aujourd'hui, l'urgence semble se perpétuer. « Même si la gauche arrive au pouvoir dans les conditions actuelles, c'est sans intérêt, car il n'y a pas de contre-pouvoir, et le régime actuel n'a pas su fonder une vraie nation… Nous avons des émeutes et des harraga, des risques d'implosion et de guerre civile… Il nous faudra un changement pacifique de la société, une transition, un gouvernement de combat républicain et un référendum pour que le peuple adopte les textes nés de la transition ! », déclare Moulay Chentouf qui refuse de se présenter comme porte-parole du nouveau parti. « Nous avons décidé d'un travail collégial, on désignera les responsables avant la fin de l'année lors de nos premières assises… L'urgence c'est l'Algérie. »