Pour la cinquième fois consécutive, le village Lemsella, dans la commune d'Illoula Oumalou, à l'extrême sud-est de Tizi Ouzou, a célébré, jeudi, la fête de la figue. Organisée par l'association Tighilt en collaboration avec l'APC de Illoula Oumalou et l'Assemblée populaire de wilaya, la manifestation a connu également le soutien de la direction de la culture. Contrairement aux années précédentes, l'accent est mis cette année sur la nécessité de capitaliser l'expérience ainsi que le patrimoine arboricole de la région, notamment le figuier. Empreint souvent d'un aspect purement culturel, les habitants veulent, à priori, que cet atout participe au développement économique de leur région. «Figue, la renaissance», est le slogan choisi pour cette 5ème édition. Les villageois l'ont conçu comme un appel à la renaissance de cette culture ancestrale qui, jadis, remplissait par ses fruits les greniers de toutes les maisons kabyles, une activité par laquelle les paysans faisaient vivre leurs familles. La valorisation des produits du terroir passe, selon les organisateurs, par «la mise en place d'un processus global de développement intégré, impliquant l'élément humain dans son environnement naturel et culturel». Il s'agit, d'après eux, «d'asseoir une démarche innovante à même de promouvoir l'espace naturel de la région et prendre en charge cet héritage». Mieux, dans sa communication d'ouverture, le vice président de l'APW de Tizi Ouzou, M. Saâd Hadibi, à mis l'accent sur le développement du tourisme solidaire à travers la promotion du produit du terroir. Sa valorisation, dit-il, peut venir en appoint au développement touristique de la région. La direction de l'agriculture, représentée par le directeur par intérim, M. Bouleriah, rencontré sur place, a estimé que la production de la figue a enregistré une baisse cette saison, regrettant que sur les 3 années précédentes, «nous n'avons réalisé aucune opération dans le cadre du programme FNDRA (Fonds national de développement rural agricole)». Se basant sur les doléances des agriculteurs, le même responsable indique, pour expliquer cette contre-performance, que «la procédure d'octroi de la subvention est lourde, comme le clament les fellahs. Car cette subvention n'est débloquée qu'après la réalisation du projet sur les fonds propres du postulant». La DSA a comptabilisé entre 2009 et 2011, dans le cadre du programme d'autofinancement et les PPDRI, 163 ha de plantations à travers la wilaya. Notre interlocuteur a mis en exergue «le manque d'initiatives locales dans le domaine de la culture de la figue, son conditionnement, sa transformation ou sa commercialisation». A l'échelle de la wilaya, 5500 ha dédiés à la figue, sont en production sur une superficie totale de 6400 ha. La production, pour cette année, est estimée à 120 000 qx contre 130 000 en 2010, soit 25 qx/ha contre 29 qx/ha pour la même année, d'après les chiffres fournis par la DSA. Il est regrettable de constater, par ailleurs, que dans une région comme Bouzeguène, où prédomine la culture du figuier, ce fruit se négocie à des prix oscillants entre 100 et 150 DA le kilo. En dépit de la spécificité du relief de la commune d'Illoula Oumallou, montagneux à 75%, l'arboriculture représente 553 ha de la superficie dont 170 ha de figueraies. Ainsi, un tiers seulement de la superficie agricole totale (SAT) est exploitée dans la même commune. À savoir 1 146 ha sur 3 229 ha, répartis sur divers activités agricoles. Lors de cette manifestation qui s'est étalée sur deux jours, les visiteurs ont découvert, à travers les expositions, les qualités nutritives de la figue et ses différentes variétés. Les organisateurs y ont également concocté un programme d'animation artistique et culturel dont une conférence présenté par Dr Younes Adli, historien, sous le thème «Tajmaât en Kabylie, histoire et évolution», un récital poétique, des spectacles pour les enfants entre autre. La fête été enrichie par la participation des artisans des régions limitrophes, chacune avec sa spécialité. Il y avait, à titre d'exemple, la poterie de Maâtkas, les tapis d'Ath Hichem et d'Illoula, le bijou d'Ath Yenni, ainsi que des expositions de robes kabyles typiques à la région, en plus de l'exposition d'autres produits du terroir, tels que le miel et l'huile d'olive.