La coupure de la connexion internet de l'Eepad par Algérie Télécom a sérieusement mis dans l'embarras les abonnés du fournisseur d'accès privé, particulièrement les sociétés. En effet, ils se sont retrouvés tout d'un coup isolés du monde alors que le web fait partie de leur quotidien professionnel. Ce différend commercial leur a porté préjudice. Ainsi, ils n'ont pu ni lire ni envoyer des emails, ni télécharger de fichiers, encore moins naviguer pour récolter les informations dont ils ont besoin pour leur activité. Contacté, Nouar Harzallah, PDG de l'Eepad, nous confirme que « le centre d'appels explose. Nous avons reçu beaucoup d'appels téléphoniques pour nous demander de fournir une explication. Nous essayons de calmer nos clients et de leur promettre de tout faire pour revenir à une situation normale ». L'Eepad fournit l'accès à Internet à 720 entreprises, 9 ambassades et quelques institutions de l'Etat. A l'Eepad, on nous assure que cette situation était pour le moins inattendue. Selon certaines sources bien informées, un contrat de partenariat a été signé en juillet avec Algérie Télécom. Le deuxième fournisseur d'accès à Internet se dit prêt à opter pour une solution durable et définitive à ce contentieux en proposant même la reprise des actions de l'Eepad par Algérie Télécom : plus de 60% du capital (patrimoine et parc). Le dossier aurait eu l'avis favorable des deux PDG, mais il semblerait qu'il n'a pas abouti au niveau du conseil d'administration de l'opérateur public. La sortie médiatique de Hamid Bessalah, ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, qui s'est exprimé à une heure de grande écoute sur la Chaîne III, a tranché dans le vif, écartant d'un revers de main cette proposition. Le ministre a affirmé qu'« une étude a démontré qu'elle n'a aucun sens ni pour AT ni pour le provider privé ». Pour l'Eepad, c'était la seule manière de préserver les 600 postes d'emploi directs et les 1200 postes indirects (revendeurs et distributeurs). M. Bessalah s'est néanmoins empressé d'évoquer la possibilité d'assurer un basculement au profit des clients de l'Eepad vers les réseaux d'Algérie Télécom. Or, selon certains techniciens, « le basculement demande beaucoup de temps et puis certains services n'existent pas chez AT, tel le Five Play ». Comment expliquer qu'une entreprise qui a plusieurs années d'existence (créée en 1991) et qui active dans le domaine dynamique des TIC, un secteur en pleine croissance, se retrouve dans cette position ? M. Harzallah aurait-il mal géré son entreprise ? Le PDG de l'Eepad plaide non coupable et met en avant l'existence de circonstances atténuantes. La baisse de 50% des tarifs de l'ADSL, décidée par l'ex-ministre de la Poste et des TIC, a fait baisser les recettes. L'opérateur a investi durant les quatre dernières années beaucoup d'argent dans l'infrastructure des réseaux sur l'ensemble du territoire national, y compris dans le Grand Sud (Tamanrasset, Adrar, Béchar) pour qu'internet arrive au fin fond du désert. Du côté d'Algérie Télécom, l'accent est mis sur le différend « strictement commercial ». « Nous n'avons aucun intérêt à la disparition de ce provider privé, au contraire, nous avons tout intérêt à ce que ce genre de sociétés privées se développe, mais l'Eepad doit payer ses dettes », a affirmé un responsable. Un litige qui « ternit non seulement l'image d'un secteur qui cherche à concrétiser le programme e-Algérie 2013, mais de tout le pays qui envoie ainsi un mauvais signal aux potentiels investisseurs », note un observateur du secteur des télécommunications.