Le mois de Ramadhan en Egypte conserve son charme et son ambiance typique, en dépit des mesures préventives prises par les autorités égyptiennes, dont l'interdiction des regroupements lors de la prière ou l'installation des tables de l'iftar collectif, en vue d'éviter la propagation du virus H1N1, qui a touché, jusqu'à présent, 750 personnes en Egypte. Comme à l'accoutumée, les Egyptiens accueillent ce mois sacré par les « faouanisse » (lanternes décorées), un legs hérité de l'ère fatimide qui est devenu l'outil indispensable pour égayer les nuits de Ramadhan. Suspendues à chaque maison, quartier et rue, les faouanisse sont au cœur d'une rude concurrence pour leur fabrication. Par ailleurs, la production télévisuelle égyptienne est généralement dense en ce mois, mais cette année l'on dénote une profusion de feuilletons télévisés, au nombre de 50, outre 80 programmes artistiques, religieux, sociaux et de débat, permettant ainsi aux chaînes égyptiennes, publiques et privées, d'enregistrer un nouveau record. La concurrence entre ces chaînes pour la diffusion du plus grand nombre de programmes et feuilletons a pour objectif, selon des critiques et des journalistes, de s'accaparer le plus grand volume de spots publicitaires. Le téléspectateur égyptien pouvait, dès le premier jour de Ramadhan, contempler les enseignes lumineuses et les affiches publicitaires sur les différents films et feuilletons proposés au niveau des principaux espaces publics du Caire et des grandes villes égyptiennes, en vue d'attirer un plus grand nombre de téléspectateurs. Selon certains critiques, ce « déluge » de feuilletons « dramatiques » ne peut être que bénéfique pour le téléspectateur égyptien qui jouit d'un plus grand choix, comme il permet au feuilleton égyptien de se développer. D'autres estiment que cette profusion de feuilletons installerait une certaine « confusion » chez le téléspectateur, qui ne saurait finalement faire son choix, se résignant à ne suivre aucun des produits proposés. La corruption, l'injustice et l'assassinat sont les principaux thèmes traités par ces feuilletons, sujets lourds pour les téléspectateurs qui ont l'habitude en ce mois d'opter pour les émissions de divertissement. A l'exception du feuilleton Sadaka ouadouhou, les critiques observent cette année une absence « quasi-totale » des feuilletons religieux et historiques qui constituaient jadis la plus importante partie du programme télévisuel durant le Ramadhan. Cette absence est expliquée par la baisse du taux d'audience pour cette catégorie de feuilletons, outre le refus des producteurs de les financer, car n'étant pas lucratifs. D'autres scénaristes, à l'instar de Mustapha Echal qui compte à son actif plusieurs films religieux, ont soulevé le problème de la censure, du manque de scénarios et d'une matière religieuse pauvre, voire inexistante. Les aspects du mois sacré ne sont pas limités aux soirées passées face au petit écran, les familles préférant les salles de cinéma qui sont prises d'assaut à l'entame du mois sacré. Le mois de Ramadhan étant un mois de shopping par excellence, les rues et marchés des quartiers populaires se parent d'enseignes lumineuses et d'affiches publicitaires annonçant, des semaines durant, les promotions des produits les plus prisés pendant ce mois à l'image du Yamiche, un cocktail de fruits secs fait d'abricots, de prunes, de raisins secs, d'amandes de noix et de pistaches. S'il existe bien un phénomène qui revient chaque année pendant le mois sacré, c'est cette habitude qu'ont les commerçants de donner aux dattes des appellations à connotation socio-politique ou des noms d'artistes et de personnalités. Aymène Mohamed, vendeur de légumes au marché de la gare du Caire, indique qu'il existe plus de 20 espèces de dattes dont les prix varient entre 2 et 24 livres égyptiennes, selon le goût, la teneur en sucre et l'aspect. En tête de liste, figurent cette année les dattes Abou Trika, du nom du célèbre joueur égyptien du club Al Ahli et d'autres appelées du nom d'artistes arabes jouissant d'une grande popularité en Egypte. Les dattes Krombo, du nom d'un personnage fétiche de dessins animés, attirent de plus en plus les enfants, seconde cible des marchands qui ne lésinent pas sur les moyens pour écouler leur marchandise. Avec plus de 11 millions de palmiers-dattiers, l'Egypte produit près d'un demi million de tonnes de dattes par an.