Une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes est envisageable après une reprise des négociations de paix et un gel de la colonisation en Cisjordanie occupée, a affirmé, hier, le chef de la diplomatie égyptienne, Ahmed Aboul Gheit. « La contrepartie de l'arrêt de la colonisation sera-t-elle une opération de normalisation ? La réponse est non, bien sûr. L'Egypte estime qu'il est (aussi) nécessaire de reprendre les négociations entre Israéliens et Palestiniens », a déclaré M. Aboul Gheit. Le ministre s'exprimait lors d'une conférence de presse aux côtés de son homologue espagnol, Miguel Angel Moratinos. Ces pourparlers devront se tenir sur « des bases claires (...) qui nous ramèneront à la situation qui prévalait avant 2000 et la deuxième Intifada, quand il y avait des bureaux de pays arabes en Israël et une présence israélienne dans les pays arabes », a-t-il poursuivi. Ce qui est nécessaire aujourd'hui, « c'est une position arabe qui exige qu'Israël arrête complètement ses opérations de colonisation et qu'il accepte une reprise immédiate des négociations avec les Palestiniens sur la base de la Feuille de route », a-t-il encore dit. Elaborée par le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU), la Feuille de route prévoit la création d'un Etat palestinien indépendant en Cisjordanie et dans la bande de Ghaza. Elle est restée lettre morte depuis son lancement à l'été 2003. « Si Israël fait un grand pas en direction des Palestiniens, qui refléterait la crédibilité de la position israélienne et le fait qu'Israël soit prêt à des négociations sérieuses et véritables menant à un règlement définitif, alors, si certaines parties arabes font un pas (...), c'est une question (la normalisation) que nous pouvons accepter », a-t-il conclu. Pour sa part, M. Moratinos, dont le pays prendra la présidence de l'Union européenne le 1er janvier 2010, a plaidé pour une normalisation des relations israélo-arabes en cas de gel de la colonisation. « Si cet engagement de la part d'Israël se réalise (le gel complet de la colonisation, ndlr), alors logiquement nous aimerions voir des pas, des décisions, des actes du monde arabe en faveur d'une meilleure relation avec Israël », a-t-il dit, estimant nécessaire la construction « d'une double confiance ». M. Moratinos, qui se rend à Damas après Le Caire, a par ailleurs affirmé que le chef du gouvernement espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, effectuera une tournée au Moyen-Orient « en principe » à l'automne. Les deux ministres ont également discuté de « la situation épineuse entre l'Irak et la Syrie », Baghdad accusant Damas d'abriter les commanditaires de deux attentats le 19 août dans la capitale irakienne, qui avaient fait près de 100 morts.