Hillary Clinton qui a provoqué samedi soir déceptions, tensions et inquiétudes dans les capitales arabes en pressant Mahmoud Abbas de reprendre « sans condition préalable » les négociations de paix avec Benyamin Netanyahu, demande après deux jours de flottement aux Israéliens des «gestes positifs» en direction des Palestiniens. «Comme le président l'a dit en plusieurs occasions, les Etats-Unis n'acceptent pas la légitimité de la poursuite de la colonisation par Israël», dit-elle avant d'annoncer sa décision de se rendre aujourd'hui au Caire pour rencontrer le président Hosni Moubarak. Raison de ce voyage imprévu : dissiper chez le plus grand allié arabe le sentiment que Washington a pris le parti de Netanyahu, demander au Caire de continuer sa médiation entre Fatah et Hamas et entre ce dernier et l'Etat hébreu, répéter la volonté des Etats-Unis de parvenir à une solution à deux Etats et actualiser le discours du 4 juin au Caire de Barack Obama où il a appelé à la fin du «cycle de méfiance et de discorde» entre les Américains et les Musulmans. La secrétaire d'Etat qui a rencontré à Marrakech, plusieurs ministres arabes des Affaires étrangères, en marge du Forum de l'Avenir, ne parle plus d'un « nouveau départ dans les relations entre les parties mais de «partenariats avec la « société civile» musulmane qu'elle veut concrétiser au sommet de créateurs d'entreprises (Entrepreneurship Summit) qu'elle compte organiser, début 2010 à Washington, le projet «Civil Society 2.0» destiné à «renforcer la société civile sur le terrain, en l'aidant à avoir accès aux technologies numériques» et un dialogue interconfessionnel, qui devrait se traduire par des réunions semestrielles à l'échelle des gouvernements, des associations et du secteur privé. LA LIGUE ARABE REBONDIT AUX NATIONS UNIES «Il n'est ni logique ni acceptable de dire qu'on peut se lancer dans les négociations avec la poursuite de la colonisation, surtout à El Qods-est, et c'est pourquoi en Egypte nous comprenons le point de vue palestinien», déclare Ahmed Aboul Gheit, le chef de la diplomatie égyptienne. Les arabes qui ont saisi que la secrétaire d'État a confirmé à El Qods ce que Barack Obama a esquissé en septembre : la Maison-Blanche n'exige plus d'Israël l'arrêt total de la colonisation en Cisjordanie et à El Qods-Est, parlent de la nécessité d'une « position unifiée et solide» pour soutenir l'Autorité palestinienne qui «conditionne la reprise des négociations avec Israël par l'arrêt total de la colonisation ». Selon Ahmed Benhelli, le secrétaire général adjoint de la Ligue arabe, une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres de l'Initiative arabe de paix pourrait se tenir à la mi-novembre. Amr Moussa n'exclut pas le retrait de cette offre de paix et de …normalisation conditionnée si l'Etat hébreu ne gèle pas sa colonisation. Principale inquiétude de la Ligue arabe qui perçoit un « climat d'échec un peu partout», dixit Amr Moussa : Israël veut détacher des négociations la question sensible d'El Qods. Comme pour forcer l'administration Obama à respecter ses engagements et Israël «la feuille de route » du Quartette, les pays arabes font un forcing aux Nations unies. Après avoir déposé lundi à l'Assemblée générale un projet de résolution donnant trois mois à Israël pour ouvrir des enquêtes crédibles sur les violations commises à Ghaza l'hiver dernier demandent à Ban Ki-moon, de transmettre au Conseil de sécurité le rapport du juge sud-africain Richard Goldstone. Réconforté par le «rétropédalage» de la Maison-Blanche, Ehoud Barak, le ministre israélien de la Défense, avance sans aucune «retenue» avant de se rendre à Washington que gouvernement qui a un projet de construction de 14 000 nouveaux logements, au sud est d'El Qods, cherche un accord qui mettra fin au conflit et à l'occupation. Obama pliera t-il devant Netanyahu au risque de voir le soldat Abbas qui est soumis à la pression de Hamas, qui contrôle Gaza, et des «frustrés» habitants de la Cisjordanie, disparaître à l'issue des prochaines élections ? «La preuve est faite que les Etats-Unis sont nos meilleurs amis et que l'attitude ferme d'Israël sur ses positions est payante» déclarait cette semaine le vice-ministre israélien des Affaires étrangères, Danny Ayalon qui a appelé les pays arabes à lancer un «plan Marshall» de 10 milliards de dollars pour venir en aide à l'économie palestinienne et soutenir ainsi le processus de paix ! Le processus de paix que Washington a cherché à vendre aux arabes est mort.