Le secrétaire d'Etat adjoint américain, William Burns, a demandé hier à Beyrouth, le retrait immédiat de l'armée syrienne du Liban, dans une déclaration à la presse. « La mort de Rafic Hariri devrait renforcer l'élan pour un Liban libre, indépendant et souverain. Cela veut dire une application immédiate de la résolution 1559 du Conseil de sécurité et donc un retrait immédiat et complet syrien du Liban », a rappelé mardi en consultation son ambassadrice à Damas, Margaret Scobey. L'occasion n'a pas été ratée pour accentuer les pressions sur la Syrie, presque désignée du doigt dans l'assassinat de l'ancien Premier ministre libanais. A titre d'exemple, la France, sans jamais citer Damas ou ses dirigeants, a dès l'annonce de l'attentat, demandé l'ouverture d'une enquête internationale pour en identifier les auteurs. Quant aux Etats-Unis, ils ont tout simplement rappelé mardi leur ambassadeur en poste à Damas pour « consultations urgentes », une pratique normale dans la pratique diplomatique, mais qui revêt cette fois une toute autre signification. Il reste que Washington ne va pas jusqu'à exprimer et de quelque manière que ce soit, le moindre soupçon ou accusation. L'assassinat de Rafic Hariri permet en tout cas à Washington de battre le rappel à l'ONU pour réclamer à nouveau le départ des quelque 14 000 soldats syriens du Liban. La Syrie est l'un des pays que le président George W. Bush a le plus vigoureusement critiqués dans son discours sur l'état de l'Union, début février. La France est à l'origine, avec les Etats-Unis, de la résolution 1559 sur le Liban en septembre 2004, qui stipule implicitement le retrait des quelque 14 000 soldats syriens stationnés au Liban, la fin des ingérences de Damas dans les affaires intérieures de son voisin et la dissolution de toutes les milices. La Syrie est régulièrement accusée par Washington de laisser faire les partisans de l'insurrection en Irak opérant de son sol et de soutenir des organisations extrémistes hostiles au processus de paix israélo-palestinien. Washington n'exclut pas de renforcer ses sanctions contre la Syrie. « Nous avons pris les mesures que nous estimons nécessaires à ce stade », a dit la secrétaire d'Etat américaine Mme Condoleezza Rice, en ajoutant que Washington allait « continuer d'examiner quelles autres options sont à sa disposition ». De nouvelles sanctions sont notamment possibles au titre du Syria Accountability Act, une loi appliquée en partie depuis mai 2004, pour restreindre notamment les échanges commerciaux et les liaisons aériennes entre les deux pays. Par ailleurs, l'ambassadrice de Syrie en France, Siba Nasser, a rejeté hier toute implication de son pays dans cet assassinat et affirmé que son pays ne craignait pas une enquête internationale. « Si le gouvernement libanais accepte (cette enquête) nous l'accepterons », a-t-elle ajouté, précisant que les autorités libanaises pourraient demander la présence d'« experts internationaux ». Que diront alors ceux qui sont à l'origine de cette proposition ? Le Liban, quant à lui, n'a pas commenté une telle exigence, mais lui aussi et au même titre que la Syrie subit les pressions internationales qui ont pris la forme d'une résolution du Conseil de sécurité demandant le départ des troupes étrangères, une claire allusion à la présence syrienne, il est vrai contestée par une partie de l'opposition libanaise, et le désarmement des milices, visant dans ce cas précis le Hezbollah que Rafic Hariri qualifiait de son vivant comme le fer de lance de la resistance libanaise à l'occupation israélienne. Une question occultée, mais pourtant l'armée israélienne continue à occuper une portion du territoire libanais.