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" Notre société perd ses repères "
Yacine Benabid. Docteur en langues, littératures et sociétés du monde
Publié dans El Watan le 12 - 09 - 2009

Travailler durant la journée de vendredi est presque considéré de nos jours comme un… péché. Qu'en pense la religion ? L'éclairage de Yacine Benabid, chef du département de traduction à l'université de Sétif
Suite à l'instauration du week-end semi-universel, la journée du vendredi est devenue plus que sacrée. Refus de travail, fermeture de tous les magasins après la prière, pas d'école, pas d'université… N'y a-t-il pas, à votre avis, d'exagération ?
Week-end ou non, le vendredi reste pour les musulmans une journée sacrée. Le problème n'est pas là. Il réside exactement dans l'interprétation que donne la communauté des croyants al-'âmma au sacré comme concept. Il faut dire que, gisant sous le poids des traditions, la société orientale en général, et algérienne en particulier, donne l'impression d'être exclusivement régie par ce qu'on croit être sacré. Travailler le vendredi ou aller à l'école ou fréquenter l'université ou voyager n'enlève pas du tout à ce jour sa sacralité. Le Coran lui-même autorise le travail le vendredi, tout en préservant au croyant le droit d'aller prier, et sans que soit désacralisé le temps qu'il voue à la prière d'un côté, et celui qu'il réserve à ses activités quotidiennes d'un autre. C'est bien le Coran qui dit, dans une sourate appelée sourate du vendredi al-djoumouâa : « Ô vous, les croyants ! (…) Lorsque la prière est achevée, dispersez-vous dans le pays ; recherchez la grâce de Dieu ; invoquez souvent le Nom de Dieu. – Peut-être serez-vous heureux ! – » (LXII-9/10). Quand on remarque la stagnation, sinon la régression du rythme du mouvement de notre société durant toute la semaine, et quand on ne peut que relever, non sans amertume, la médiocrité de ses rendements, on est en droit de se demander pourquoi cette société « fantasme » sur l'élan d'appartenance supposée à une culture qui vit sur le socle du sacré, sans vraiment tenir compte de ce qui est véritablement perçu comme tel. Une société en perte de repères, c'est ça ! Il serait difficile de juger de l'exagération ou non de la volonté politique. Ce qui m'intéresse et me scandalise en réalité, c'est bien cette façon de décider aujourd'hui de ce qui aurait dû être fait il y a bien longtemps. Et d'une ! Et de deux, n'est-il pas outrageant que la plupart des acteurs sociaux ne tiennent absolument pas compte de ce changement ? C'est à croire que la volonté politique a du mal à se faire écouter. Beaucoup d'instances, à ma connaissance, font la sourde oreille aux nouvelles orientations, malgré leur importance. Rien n'a changé pour elles et les autorités compétentes ne semblent pas être gênées par cela. Si lesdites autorités veulent ménager certaines sensibilités dont la toile de fond est bien la situation économique et non la religion, alors elles sont appelées à trouver l'alternative appropriée.
De nos jours, la fetwa s'apparente à un phénomène de société. Les citoyens sont de plus en plus dans le flou…
Vous avez raison d'appeler cela ainsi. C'est vrai qu'il s'agit d'un tournant dans l'histoire de notre société. On a assez peu connu ce genre de pratiques durant les vieilles époques où vivre sa spiritualité impliquait le devoir de se référer aux connaisseurs, aux savants et aux plus éclairés. Aujourd'hui, la donne a changé, en ce sens que la société a gardé sa ferveur religieuse, mais se trouve livrée aux mains des nouveaux prophètes, en l'occurrence une jeunesse enfermée dans un fanatisme démesuré, doublé d'une recherche de soi dans un contexte psychologico-culturel qui la repousse catégoriquement. Il y a aussi le contact avec l'Orient, qui a permis l'import de cette culture de fetwa avec tous ses accessoires. En fait, c'est une vision de la religion qui consacre le savoir facile – par définition dévié – et la religiosité hâtive, supplantée par une obsession farouche de résister à une société qui a du mal à se reconnaître dans leur discours. Votre question pose le problème du système intellectuel dans notre religion. Pour la plupart des cas, ce n'est plus l'élite qui a l'occasion de s'exprimer sur des questions d'ordre théologique. Pour une raison ou une autre, l'élitisme, dans son aspect positif bien sûr, celui auquel je me réfère personnellement, n'a pas les moyens de produire un discours à même de guider la société et à répondre à ses questionnements. Ce qui a laissé la place aux pratiques que vous citez.
La polémique sur la burka et sur le maillot musulman a resurgi. Quelle est votre vision des choses ?
Elle n'est pas différente de celle des gens qui ont bien connu les positions d'un « certain » Occident vis-à-vis de l'Islam. En fait, c'est la polémique sur le foulard qui revient sous un autre aspect, c'est-à-dire que les signes jugés distinctifs et dénotant une appartenance civilisationnelle quelconque, cette fois sur fond de religion, sont à combattre par tous les moyens, même les plus malsains, parce qu'ils menacent la démocratie, la laïcité et le reste des fondements des sociétés occidentales. Personnellement, je n'arrive pas à suivre la logique qui autorise le grave et bannit le moins grave. Il faut certainement être l'un des leurs pour comprendre. Ce que je ne comprends pas aussi, c'est cette façon de mettre sur le dos des convertis européens certains choix qui se sont attirés la foudre des politiques et des médias français particulièrement. Pour moi, la question du maillot ne mérite aucunement cette médiatisation démesurée, c'est une question personnelle qui ne change en rien la configuration des espaces dans lesquels se meuvent les personnes qui le portent. En faire une affaire relève du tapage médiatique qui caractérise les sociétés de spectacle. Remarquez qu'ils en parlent comme s'il s'agissait d'une arme à destruction massive ! Le font-ils avec les naturalistes ? Je doute fort !


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