Même le jour de sa mort, un 1er novembre, aura été un clin d'œil du destin de ce «juste de l'anticolonialisme» si fortement lié à l'Algérie. Proche de Ben Barka et de Curiel, il a été un des animateurs du réseau Curiel de soutien au FLN pendant la guerre de Libération. Engagé depuis aux côtés de Ben Barka puis de Curiel dans le soutien aux divers mouvements de libération à travers le monde, principalement palestinien, il gardera pourtant un lien privilégié avec l'Algérie. Il y vivra les premières années de l'indépendance, où il s'activera à l'aide aux mouvements de libération pour lesquels Alger était alors une «Mecque». Lors de la «décennie rouge» en Algérie, il se mettra au service du soutien des intellectuels et militants démocrates algériens persécutés. Il y mettra beaucoup de sa personne et de ses moyens matériels personnels pourtant limités, pour cet homme qui avait choisi de vivre modestement en se détournant de l'aisance de la famille dans laquelle il était né. Pourtant, à cet enterrement qui a fait revivre les heures glorieuses de l'Algérie combattante et où étaient présents des militants de divers horizons, l'Algérie officielle était absente. Aucun représentant de l'Algérie n'y était. Faut-il rappeler que les bâtiments abritant l'ambassade d'Algérie au Caire, parmi les plus prestigieux de la ville, sont un don d'Henri Curiel, le compagnon de lutte de Jean Tabet ? Il est vrai que Jean Tabet, fidèle à ses engagements premiers aux côtés de l'Algérie, n'a pas voulu cautionner les dérives autoritaires de ses dirigeants. Il a ainsi décliné l'invitation de Bouteflika de participer aux cérémonies du cinquantième anniversaire du 1er Novembre. Il estimait, et il l'a écrit à Bouteflika, qu'il ne pouvait y être alors que Benchicou et Hafnaoui Ghoul étaient en prison. Jusqu'au bout, il aura ainsi été fidèle au message du 1er Novembre. Même la destinée lui aura donné raison en le faisant mourir un 1er Novembre.