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AI et Human Rights Watch chargent Khartoum
Publié dans El Watan le 13 - 11 - 2011

Bien que le président Omar El Bechir se trouve depuis une année sous le coup d'un mandat d'arrêt international, son régime continue de piétiner les droits de l'homme et à pourchasser ses opposants.
L'ONG internationale de défense des droits de l'homme, Amnesty International (AI), vient de révéler que le gouvernement soudanais a arrêté plus d'une centaine de militants de l'opposition à Khartoum et dans sa région en octobre dernier. Beaucoup d'entre eux, ajoute AI, ont déclaré avoir été torturés. «Pour le seul mois d'octobre, plus de 100 personnes ont été arrêtées dans et autour de Khartoum, la capitale. Beaucoup de ceux qui ont été arrêtés ont déclaré avoir été soumis à des tortures ou à d'autres mauvais traitements en détention», a annoncé l'Organisation dans un communiqué rendu public vendredi soir.
Ce n'est pas un euphémisme que de dire que les violations des droits de l'homme sont une tradition bien ancrée au Soudan. La preuve : en septembre dernier, l'Organisation Human Rights Watch avait déjà accusé le gouvernement de Khartoum d'avoir intensifié la répression contre les opposants politiques et souligné le risque de torture encouru par les prisonniers du redouté service de renseignement et de sécurité (NISS).
Amnesty veut la limitation des pouvoirs du NISS
Parmi les personnes arrêtées se trouvaient des membres de l'organisation des Jeunes pour le changement engagés contre la hausse vertigineuse des prix des denrées alimentaires, un militant de 85 ans du parti d'opposition interdit SPLM-Nord et des membres de partis d'opposition légaux. Le 10 octobre à Massoudiya, au sud de Khartoum, plus de 22 personnes ont été arrêtées après une manifestation contre le prix élevé de l'électricité et de l'eau, dont un homme souffrant de handicap mental qui a été battu en détention et un garçon de 13 ans qui a reçu 20 coups de fouet, selon AI.
Lors d'un rassemblement de partis d'opposition le 21 octobre à Khartoum, les forces de l'ordre ont aussi arrêté plus de 10 militants. Selon l'un d'entre eux, membre du parti communiste, le groupe avait été privé de sommeil et de nourriture pendant trois jours. Face à cette situation, Amnesty International a appelé Khartoum à abroger une loi de 2010 autorisant le NISS à mener des perquisitions et détenir des personnes jusqu'à quatre mois et demi sans intervention d'un juge.
Au plan régional, les choses ne sont pas meilleures. Là aussi, le Soudan entretient des relations exécrables avec son voisin du Sud. Et la situation risque à tout moment de dégénérer en un conflit armé ouvert. La cause ? Les champs pétroliers qui sont situés à cheval entre les deux pays. Ainsi, l'ONU a exprimé vendredi son inquiétude et évoqué un possible «crime international» au lendemain d'une série d'attaques meurtrières de l'armée soudanaise contre un camp de réfugiés et une base militaire au Soudan du Sud.

L'armée soudanaise surveillée par des satellites
Les relations entre le régime nordiste du Soudan et son voisin du Soudan du Sud indépendant, depuis le 9 juillet, se sont, cette fois, détériorées en raison de heurts des deux côtés de la nouvelle frontière, dont les deux camps se rejettent la responsabilité. Un porte-parole de l'armée sud-soudanaise, Philip Aguer, a accusé le gouvernement de Khartoum d'avoir lancé une attaque jeudi contre une base militaire à Kuek. Les combats ont duré sept heures et fait cinq morts côté sud-soudanais et 13 côté soudanais, ainsi que des dizaines de blessés.
Le même jour, l'armée soudanaise a aussi bombardé un camp de réfugiés à Yida, dans le nord du Soudan du Sud, abritant 20 000 réfugiés soudanais ayant fui les combats de l'autre côté de la frontière, dans l'Etat nordiste du Kordofan-Sud. Selon le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR), deux bombes ont atterri dans l'enceinte du camp, dont une à proximité d'une école, mais il n'y a pas eu de victime. Dans un communiqué, le HCR a exprimé son inquiétude devant les «tensions grandissantes dans les régions frontalières entre le Soudan et le Soudan du Sud, où des centaines de milliers de civils ont été déplacés depuis juin en raison des combats».
Dans la perspective d'éventuelles nouvelles attaques, des personnels de l'ONU ont été évacués et la sécurité a été renforcée dans les régions frontalières et autour des champs pétroliers.
Comme toujours, le gouvernement soudanais du président Omar El Bachir s'est empressé de démentir les deux attaques. Mais selon l'ONG américaine Enough Project, qui milite pour la paix au Soudan, des images satellitaires ont «confirmé» que l'armée soudanaise renforçait actuellement ses capacités de frappes aériennes au Nil Bleu. C'est ce que l'on appelle être pris la main dans le sac.


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