Nous nous sommes regroupés dans cette salle durant une semaine, nous avons parlé, nous avons mangé et bu, mais, concrètement, quel est le résultat de cette rencontre et quel est le message que nous devons transmettre aux travailleurs ? » Ce sont là les propos tenus par Abdelmadjid Sidi Saïd, le secrétaire général de l'UGTA, lors de son intervention à la clôture des travaux de la 32e session de l'Organisation arabe du travail (OAT). Une manière pour lui de souligner, probablement, le fossé séparant encore cette organisation de la réalité de la condition des travailleurs dans le monde arabe. Et, surtout, le chemin qui reste à parcourir pour atteindre les standards. L'orateur a insisté, d'ailleurs, sur l'idée que tant que le problème de la circulation dans le monde arabe existera - allusion faite aux barrières de diverses natures séparant les pays -, il ne peut y avoir de véritable unification du marché arabe de l'économie, du travail et de l'emploi. Avant qu'il n'achève son discours improvisé, le patron de la centrale syndicale a été interrompu par un participant. Visiblement interpellé par le discours du patron de l'UGTA, un membre de la délégation marocaine est intervenu pour signifier à l'orateur que les portes du Maroc sont ouvertes au peuple algérien frère et que celui-ci est le bienvenu au royaume chérifien. A l'exception de ce détail, les travaux de cette 32e session de l'OAT se sont terminés sur un air de ronronnement. Il n'y a pas eu de résolutions de nature à révolutionner le monde du travail en dépit des enjeux, nombreux, imposés par la mondialisation. Les participants se sont ainsi presque machinalement mis d'accord pour l'organisation de la 33e session de l'OAT prévue en 2006 en Egypte... histoire de pérenniser l'évènement. A mentionner tout de même que lors de sa réunion d'Alger, l'OAT a abordé plusieurs thèmes. Les travaux ont été focalisés notamment sur le développement et la modernisation de l'administration du travail, la conformité des législations du travail des pays arabes avec les normes arabes du travail ainsi que la promotion de la main-d'œuvre activant dans le secteur informel. Il ressort donc des travaux que la notion de travail informel n'est pas conçue de la même manière par les pays membres. Cette différence d'approche a été d'ailleurs perceptible lors des débats ayant porté sur la question. Alors que l'Algérie, par exemple, combat cette pratique, d'autres pays, au contraire, n'ont pas paru particulièrement gênés par le phénomène. Néanmoins, plusieurs intervenants ont souligné la nécessité de mettre en place un cadre juridique unifié à même de régir ce secteur dans le monde arabe afin de le mettre à contribution dans le développement économique et la lutte contre la pauvreté et le chômage. A cet égard, le représentant de l'Algérie à la commission d'étude du travail informel a indiqué qu'en Algérie quelque 6000 affaires sur le travail informel sont soumises annuellement à la justice. Pour essayer de remédier à l'incompatibilité des législations nationales arabes, signalons que sur les 21 recommandations arrêtées figure justement la création d'une commission tripartite arabe permanente. Cet organisme serait ainsi chargé du suivi du secteur informel et ce, dans le but de rapprocher les points de vue sur cette question et de convenir des principes devant faciliter l'intégration de la main-d'œuvre arabe, le développement et la modernisation de l'administration du travail dans les pays arabes. La plupart de ces propositions ont été suggérées par la partie algérienne au début des travaux de l'OAT. Certains de ces points, selon M. Louh, seront probablement discutés lors du sommet arabe prévu fin mars prochain.