Etrenné récemment, le 28, rue Boualem et Ahmed Khalfa (ex-Burdeau), à Alger, est devenu durant ce mois du Ramadhan un espace, un coin de Florence, une antre de saltimbanques, un bouillon de culture ou encore une agora n'ayant guère la « phobie » des beaux-arts et des belles lettres. Après l'hommage à Michael Jackson, des concerts acoustiques de Djezma, Yacine Dahmane ou encore Lotfi Attar, des conférences-débats sur l'histoire du raï et l'édition en Algérie, mardi soir, c'était au tour de la littérature algérienne de s'inviter. Et ce, de par une débat portant sur le thème : « L'état et l'avenir de la littérature algérienne d'expression française ». Une rencontre littéralement littéraire, sous les auspices du “gardien du temple” enfin, le “page”, H'mida Lyachi, le directeur de Algérie et Djzaïr News, en présence d'auteurs, artistes et autres journalistes. Modérateur dans une ambiance immanquablement ramadhanesque et foncièrement à la bonne franquette, Lakhdar Maougal, écrivain et universitaire, ouvrira le débat par un pédagogique historique : « La littérature algérienne a décolonisé la langue française ». Un instrument d'expression sur l'imaginaire qui provoquera des cataclysmes antinomiques entre littératures arabe et francophone. Et par conséquent, cela a vu une éclosion d'une jeune génération d'auteurs comme Rachid Boudjedra, Rachid Mimouni et Tahar Djaout. Les préocupations des années 1970 de Benhadouga ont la fibre “katébienne” de type nationalitaire... Lakhdar Maougal indiquera que les années 1990 étaient sous une influence empreinte du classicisme de André Gide et Camus à l'image de Maïssa Bey qu'on a affublée de “fille spirituelle de Camus”. « Une sorte de renouveau et renouvellement de l'écriture dans un effort dans l'excellence et l'esthétique à l'instar de H'mida Layachi l'ayant souligné dans sa langue maternelle, l'arabe », ajoutera Lakhdar Maougal. Quant à l'acte cursif proprement dit, le journaliste et écrivain, Hamid Grine, auteur du best-seller, Lakhdar Belloumi, un footballeur algérien (20 000 exemplaires vendus en un seul mois en 1986), Comme des ombres furtives, Cueille le jour avant la nuit, Chronique d'une élection pas comme les autres, La Nuit du henné, Le Café de Gide ou encore La dernière prière, confiera : « C'est la lecture de Stendhal qui m'a poussé à l'écriture et ce, de par abandon et sérénité... » A propos de ses livres, il déclinera la teneur : « Les personnages du Café de Gide sont d'attraction ou de répulsion par opposition à ceux des femmes qui sont positifs. Le Café de Gide pose la question du patrimoine et non pas la nostalgie coloniale... Un roman est bien ou mal écrit. Il est captivant ou bien les personnages se perdent dans les dédales de l'auteur. Mais cela demeure un style d'écriture. Il y un début, une fin avec un trame. C'est le propre du roman... ». Adlène Meddi, journaliste à El Watan et auteur de Tête de Turc et La Prière du Maure abordant la nouvelle littérature algérienne, dira sans ambages : « Je me sens plus proche des auteurs arabophones, nettement plus proche d'eux. Je pense qu'il y a un renouveau ! Récemment, Kamel Daoud, journaliste et auteur a émis le souhait de réunir Mustapha Benfodil et Mefti à travers une nouvelle dynamique créative et juvénile. C'est un élan autour de la cruauté. Il s'agit de crier et hurler sa rage de vivre aujourd'hui. Le thème du polar, son décor est déjà planté. Il y a matière... » Djamel Mati ayant signé Cybercafe.com, On dirait le Sud et L.S.D concernant ce nouveau souffle littéraire porté par une génération de “jeunes loups” au talent à revendre attestera : « Ces jeunes ont une écriture puisant leur substantifique moelle de l'allégorie, le prisme, la dérision et l'introspection comme Mustapha Benfodil et quelques autres. C'est un courant littéraire qui va reprendre la pensée future de l'Algérie... ». Youcef Sayah, le journaliste et animateur de l'émission culturelle « Expression Livre » sur Canal Algérie mettra l'emphase sur la réalité du lectorat arabophone grandissant par analogie à celui francophone. « Cependant, le lectorat francophone est plus présent sur les scènes médiatiques à l'image de Sansal, Khadra ou Boudjedra. Et cela construit un lectorat d'ouverture et universaliste. Ce qui m'a sidéré et agréablement surpris c'est cette pléthore d'ouvrages notamment de poésie, beaux livres, polars et en amazigh que l'on a jamais exploré avant...On reconstruit à partir du beau, après 200 000 morts, victimes d'une tragédie... »