En matière de culture, l'année 2007 a été prolifique. Oui très prolifique ! Tout ce qui a bougé, tourné, mijoté, …s'est rattaché à l'événement phare de l'année, “ Alger, capitale de la culture arabe”.Même si le propos était en kabyle, en anglais, en italien ou en langue de bois, les différentes rencontres qui ont jalonné nos scènes étaient toujours rattachées à ce grand rendez-vous, même si ces dernières n'en reçoivent aucune subvention. Cette fête de tous les arts a vu défiler des tonnes de folklore, et des camions d'humains retranchés dans les coins reculés du pays et déversés dans la capitale par intermittence pour jouer les saltimbanques maîtrisant la chose ancienne. Le public, lui, était sélectif ! Il n' y a pas eu de moment particulièrement fort dans cette manifestation hormis la parenthèse du concert de “Samy Youcef ” à la Coupole pendant le mois de Ramadhan et le Salon international du livre d'Alger. Mais cela est une autre histoire ! En ces temps de sporadique terreur, Sami Youcef, le jeune, le beau, l'étranger qui s'est converti à l'Islam a comme les soufis, exprimé des louanges à Dieu toute la nuit debout face à des milliers de spectateurs en délire. Il chantait Dieu et son prophète Mohamed (QSSSL), avec la passion d'un ermite qui a renoncé à la vie pour le Puissant. L'Islam de Sami Youcef est épuré de discours politique. En revanche, le Salon international du livre d'Alger est cette tribune où circulent idées anciennes et idées neuves, où s'achètent et se vendent, en un seul lieu et dans un seul espace, des ouvrages de tous genres à des prix défiant toute concurrence. La ménagère s'y retrouvait, mais aussi l'intello et l'écolier. Tout çà, c'est pour simplement dire qu'un événement n'est événement que s'il procure un certain intérêt pour le public. C'est comme un livre qu'on achète et qu'on garde au fond d'une bibliothèque poussiéreuse. Çà n'a pas de sens. “ Alger, capitale de la culture arabe” tire à sa fin et malgré le peu d'intérêt du public pour certains rendez-vous y afférents, elle a laissé des traces. C'est sans doute là où réside “ la grandeur ” de cet événement qui a remis sur chantier cinéastes, hommes et femmes des planches, et acteurs de la chaîne du livre. De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer la manière dont les projets ont été attribués, mais bon…Ce qu'il faut retenir, c'est que pas moins de 22 longs métrages ont été montés, un chiffre absolument significatif pour un pays qui produit à peine un à deux film par an. Une quarantaine de pièces de théâtre ont vu également le jour, un autre chiffre détonnant sauf que le monde des planches souffre du syndrome des anciens qui font du neuf avec du vieux, comme c'est le cas de M'hamed Benguettaf qui ressort à chaque fois sa Fatma dépassant les 15 années d'age. En plus des tournées nationales de plusieurs chanteurs et interprètes, le gros des réalisations de 2007 c'est indéniablement l'opération de 1001 livres qui sera d'ailleurs relancée en 2008. Le chiffre est là aussi historique sauf que les livres s'adressent principalement au public arabophone et sont principalement axés autour de la chose historique. Ah ! Nous allions presque oublier le fabuleux Musée national des arts modernes et contemporains inauguré il y a peu, pour recevoir, en plein dans le quartier populaire de la rue Larbi Ben M'hidi, artistes et plasticiens. Au moins, ce musée serait de l'ordre du “ développement durable” d'une culture travestie par des intérêts étroits, servant plus les faux artistes que la plèbe. Car il est absurde de parler d'une culture d'un pays quand les maisons des arts, les écoles artistiques et le savoir intellectuel ne sont ni pensés ni réalisés. On a beau booster la création, rien ne demeure tant que les hommes de culture n'ont pas tété aux mamelles du savoir.