Les rues sont sinueuses et interminables, sans voies de secours ni trottoirs, avec des escaliers qui ne mènent nulle part et des kiosques érigés à volonté. La cité Djenene Teffeh porte mal et son nom et son statut de quartier résidentiel. Les multiples anomalies urbanistiques qui défigurent ses rues et ses semblants de places publiques donnent l'impression à un hypothétique visiteur que la cité a été conçue (si conception il y a eu) sur la base de lignes tracées par un enfant qui n'a pas encore atteint l'âge de la scolarité. Rues sinueuses et interminables, sans voies de secours ni trottoirs, escaliers qui mènent nulle part, murs de soutènement, murailles et kiosques érigés à volonté, sans respect aucun pour les normes, sont les premières anomalies qui attirent l'attention. Les trottoirs, les terrains communaux et les espaces verts voire des ruelles, squattés par des particuliers, sont encore témoins d'une autorité atone voire amorphe devant l'irréversible avancée d'hommes aux appétits voraces et aux accointances rassurantes. Les lots épars, les lots attribués à la chaîne pendant une période de satiété pétrolière, des lots à usage commercial et autres « spoliés » par les trabendistes du foncier et les apparatchiks de l'ex-parti-Etat, sont actuellement vendus ou proposés à la vente à des prix exorbitants. Ils sont déjà à leur cinquième main et inutile de chercher après le premier acquéreur sous peine de se retrouver nez à nez avec une grosse pointure. Deux décennies d'attributions de ces lots ont été suffisantes pour donner naissance à un quartier tentaculaire où les problèmes, dus essentiellement à une viabilisation approximative et à un aménagement fait dans la précipitation, sont légion. L'insalubrité et les défaillances dans la canalisation des eaux usées inquiètent les citoyens qui se plaignent depuis une dizaine de jours des odeurs nauséabondes émanant d'un immeuble situé à l'entrée est du quartier. L'abondance de ces eaux en provenance d'un tuyau déconnecté du réseau a transformé le quartier en un bourbier où prolifèrent surtout les moustiques. Les odeurs pestilentielles ont atteint, quant à elles, les agglomérations avoisinantes. Et dire qu'il fut un temps où flâner seul ou en famille au milieu des pommiers, des poiriers et des eucalyptus était permis. Les sentiers escarpés mais bien entretenus méritaient le détour ne serait-ce que pour apprécier le décor et goûter aux framboises. De tout cela, il ne reste que les traces de la mafia du foncier, celles d'une mort programmée des terres agricoles, et d'un plat grandeur nature de déchets humains, tenant lieu de poires et de pommes.