El Amri, El Guerria, Berrichi, Bit El Mel, El Betiha, Fidh Ezzeder, Guigba et autres hameaux enclavés de la wilaya de Souk Ahras ont, de tout temps, fait l'objet de critiques acerbes, mais légitimes de la part de certains élus locaux de la presse écrite. Engluées dans des problèmes multiples dus, surtout, à l'isolement, leurs habitants, s'ils ne quittent pas leurs agglomérations d'origine pour aller s'installer dans la périphérie du chef-lieu de la wilaya, subissent la misère et un paysage hostile à l'homme. Les cas de femmes mettant au monde leurs nouveaux-nés sans assistance médicale, sont légion dans ces mêmes zones où l'évacuation des malades se fait par le biais de transporteurs de race asine. La production laitière et l'abondance des fruits et légumes ne profitent guère à la population locale pendant les périodes de grande chaleur et pour cause les véhicules, tous types confondus, trouvent du mal à emprunter les chemins sinueux et inaccessibles qui y mènent. En 2008, l'Office national d'alphabétisation et d'éducation des adultes (ONAEA) estimait à 107 000 personnes la population analphabète à Souk Ahras, dont une majorité en zone rurale. La poursuite des voleurs de bétail, qui sévissent encore dans quelques douars isolés, devient une tâche ardue pour les services de la gendarmerie nationale qui trouvent souvent des difficultés à intercepter par voie routière ou cerner les malfaiteurs au milieu de la broussaille et des sentiers touffus de maquis. Pour toutes ces raisons et autres, à savoir notamment les problèmes de raccordement au gaz, à l'électricité et l'AEP, des dizaines de familles viennent s'agglutiner autour des pans de l'armature urbaine de la ville de Souk Ahras avec tout le cortège des misères qui en découle. Le vieillissement et le manque de le main-d'œuvre dans le secteur de l'agriculture pour une wilaya à vocation surtout agricole en sont une conséquence. La dégradation des grandes agglomérations, touchées par un exode massif et ininterrompu, en est une autre. La prolifération des bidonvilles est un phénomène qui ne se limite plus à ces citoyens d'origine rurale, démunis, habitant des baraques où s'enchevêtrent bois, tôles ondulées et pneus usagés. C'est devenu une classe sociale qui, même si elle est à l'abri du besoin dans son milieu d'origine, vient demander d'autres « droits » en ville. Pis encore, des mécontents des quartiers défavorisés de la cité y sont invités pour composer avec une nébuleuse qui a ses détracteurs mais aussi ses sympathisants et ses protecteurs. L'on y impose des lois, on s'y adonne à plusieurs métiers illicites, et on y attend les opérations de relogement. Ce qui s'est passé récemment à Aïn Grima, Djenene Teffeh et au bidonville de l'ex-SNIC est fort révélateur. Des populations non inscrites sur la liste des futurs attributaires des logements sociaux se sont farouchement opposés aux bulldozers et ont réussi à tirer gain de cause en maintenant en otage des terrains communaux et autres privés. Et dire que le désenclavement et la sédentarisation des populations rurales ne figurent pas sur la liste des priorités.