A peine une semaine après la reprise des cours, tout le monde se plaint : les écoliers sont d'ores et déjà essoufflés, les enseignants qualifient la répartition pédagogique des horaires au niveau des deux cycles, moyen et secondaire, d'inadmissible, les syndicats du secteur demandent encore une fois au ministre de tutelle de procéder à l'allégement des programmes. Apparemment, l'école algérienne ne se porte pas aussi bien que l'on veut nous le faire croire. En plus du casse- tête des tabliers, les écoliers et le corps enseignant ne trouvent pas un moment de répit. En quittant, chaque jour, les établissements scolaires à 17h30, les élèves, selon les pédagogues, ne pourront pas se consacrer ni à une éventuelle préparation de leur cours ni à faire convenablement leurs devoirs, ils auront, à terme, du mal à récupérer correctement. « Ainsi, étant assis huit heures sur une chaise, les élèves risquent d'être confrontés à un surmenage physique et intellectuel. Pis, au bout d'une certaine heure, ils n'arriveront plus à assimiler leurs cours car ils ne disposeront plus d'assez de temps pour se reposer afin de se ressourcer », observe un inspecteur à la retraite. Ce dernier estime que les responsables du secteur de l'éducation ont fait un mauvais choix en optant pour le rallongement des journées afin de récupérer les quatre heures perdues du fait des deux jours de repos décrétés par le département de Benbouzid. Un réaménagement qui s'est imposé après le passage au week-end semi-universel. Toutefois, le remède existe, expliquent les syndicalistes qui ont pourtant été consultés et qui ont par la même cautionné les décisions du ministre quant au réaménagement du volume horaire. « Le ministre nous a, certes, réunis et nous a clairement fait comprendre que le vendredi est une journée sacrée. Partant de ce principe, nous n'avions pas le choix sauf d'accepter la proposition du ministre allant dans le sens de se reposer deux jours, les vendredi et samedi », a expliqué M. Mériane, porte-parole du Syndicat national autonome des professeurs et enseignants du secondaire et du technique (Snapest), qui ajoute que le choix de la tutelle a été fait dans la précipitation et de ce fait les syndicats ont été mis devant le fait accompli. Cependant, notre interlocuteur ne cache pas son inquiétude quant à la conséquence de cette répartition des horaires, qualifiée de très lourde pour les élèves. « Dans ce cas de figure, le côté pédagogique a été complètement occulté alors que nul n'ignore que seule une répartition équilibrée des horaires peut aboutir à un projet pédagogique de qualité », fait remarquer un pédagogue. De son côté, M. Mériane est persuadé que la répartition des quatre heures a été faite dans l'anarchie et en l'absence d'une vision claire. « Enseigner 4h le matin et 4h l'après-midi est antipédagogique. Ce nouveau système aura inévitablement des répercussions néfastes sur les capacités d'apprentissage des enfants », a-t-il soutenu. Par ailleurs, M. Mériane a mis l'accent sur un autre problème relatif au phénomène de l'absentéisme, particulièrement au niveau des zones enclavées. En effet, les élèves qui habitent les zones éloignées ou ceux scolarisés dans des écoles distantes de leurs habitations doivent faire des kilomètres avant de rejoindre leurs établissements. Cet état de fait inquiète les pédagogues qui ont tiré la sonnette d'alarme quant au problème qui découlera de cette situation, à savoir l'absentéisme et le danger que risquent d'encourir les élèves. « Comment voulez-vous que la situation ne préoccupe pas les parents. Imaginez, en plein hiver, une écolière habitant à plus d'une heure de marche de l'école sortir à 17h30. Il fait noir et elle arrivera chez elle en pleine nuit. Incontestablement, ces élèves vont sécher les derniers cours et le taux d'absentéisme va être très élevé, notamment dans les dernières matières », a averti M. Mériane qui a suggéré en contrepartie, afin de rassurer les élèves, la réorganisation du transport scolaire. D'aucuns partagent cette idée et demandent au ministre de l'Education de faire appel au service du ministère de la Solidarité afin de mettre à la disposition de chaque établissement un bus afin qu'il assure le ramassage des élèves. L'autre solution préconisée par certains syndicats et enseignants est l'allégement des programmes. « Le 27 mai 2009, le ministre avait annoncé un allégement des programmes, fort est de constater qu'aujourd'hui les livres de langue arabe et ceux de l'éducation civique renferment des cours identiques, chose que le ministre a promis de bannir », regrette une enseignante. Dans ce même ordre d'idée, M. Mériane appuie ses dires en révélant que certains chapitres inutiles n'ont pas été touchés. « Nous considérons qu'il y a une surcharge inutilement. Ce qui fait défaut à mon sens c'est l'absence d'une chaîne dans le choix des programmes alors que normalement les concepteurs des programmes doivent faire en sorte qu'il y ait un acheminement comme un escalier afin d'atteindre l'objectif, bien sûr si objectif il y a ! », a fulminé notre interlocuteur qui est convaincu qu'un allégement des programmes permettra la diminution du volume horaire et aux élèves de souffler, de décompresser et de mieux assimiler leurs cours.