La fabrication des balais et des brosses est l'un des métiers dans lesquels excellent les déficients visuels. Dès le XIXe siècle, les non-voyants algérois fabriquaient des brosses et des balais près de Djamaâ Oued Knis. Il est dit que c'est de là que Oued Knis tient son nom. L'usine d'El Harrach était, elle, tenue par un colon français qui faisait travailler des aveugles pour la fabrication de balais. En 1963, l'Onabros est passée sous l'égide de l'Association nationale des aveugles jusqu'en 1991. Après les changements qui ont bouleversé l'Algérie, elle s'est transmuée en EPIH (Etablissement public pour l'insertion des handicapés), passant ainsi sous la tutelle de l'Etat. « Dans les années 1990, les travailleurs ont pris peur et ont demandé à ce que l'Etat prenne les choses en main. Nous pensions alors que nous allions passer des ténèbres à la lumière. C'est exactement l'inverse qui s'est produit », racontent des membres du syndicat de l'entreprise. Les échecs se sont enchaînés pour l'entreprise algérienne. En tout et pour tout, l'Epih a eu un seul directeur nommé officiellement entre 1991 et 1998. Puis les intérimaires se sont succédé sans pouvoir redresser l'entreprise. De 13 000 balais/jour, l'EPIh ne produisait plus qu'une dizaine d'unités quotidiennement. « Lorsque la société est passée sous la tutelle de l'Etat, on nous a ramené une fibre de Tlemcen de très mauvaise qualité. Il nous était impossible de travailler dans ces conditions », nous dit-on. L'entreprise a failli fermer définitivement ses portes en 1998 avant que le gouvernement ne se ravise. Le dossier est resté ballotté entre les différents ministères. Alors que l'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis, a émis un refus catégorique à la fermeture de l'usine, le ministre du Travail, Aboudjerra Soltani, a proposé un plan de départ à la retraite avec un pourcentage de 80%. L'Etat a ainsi maintenu l'entreprise sous sérum pendant près de 10 ans avant de décider, lors d'un conseil interministériel, de fermer définitivement l'EPIh et ses 27 unités.