Le ministère de la Solidarité nationale explique que la décision de fermer l'EPIH ex-Onabros est inévitable. Contactés, les responsables du département d'Ould Abbès ont affirmé que « la décision de fermer l'entreprise n'a pas été prise de manière unilatérale puisqu'elle a résulté d'un constat réel et a été décidée lors d'un conseil interministériel, après épuisement de toutes les voies susceptibles de faire revivre l'établissement ». Pour faire vivre l'usine, le ministère de la Solidarité a versé plus de 1,45 milliard de dinars sans « contrepartie productive des travailleurs depuis 2001 », souligne-t-on. Les salaires coûtaient à l'Etat 892,8 millions de dinars inscrits au budget de fonctionnement du ministère. Il est à souligner, à ce propos, que le secteur de la solidarité nationale a hérité de l'EPIH en 2001, lorsque la solidarité nationale a été couplée à l'action sociale de l'Etat. Les tentatives de redressement de la situation en matière de production et de commercialisation, lancés à travers les unités viables, n'ont pas eu les effets escomptés. Les responsables du ministère avancent l'argument de « l'ouverture de notre économie sur les règles de la concurrence et les lois du marché ». Tous les efforts pour redresser l'entreprise des travailleurs aveugles on été avortés. « Un problème de taille s'est dressé face à cette volonté manifeste de l'Etat de redynamisation des activités de l'établissement, dont la création remonte à 1991 ayant soustrait l'établissement de l'acquittement de ses cotisation à la Caisse nationale des assurances sociales, faute de ressources, impliquant le blocage des comptes bancaires des unités dans un effet d'entraînement », nous dit-on. Cette situation a incité les pouvoirs publics à « dégager annuellement une somme substantielle, dans le deuxième semestre de chaque année, pour couvrir les salaires des travailleurs, la subvention de soutien inscrite dans le budget du secteur ne pouvant couvrir que les salaires versés de janvier à juin ». Des dettes antérieures à 1999 La signature, en 2001, d'une convention de partenariat entre l'Epih et l'Agence de développement social (ADS) pour relancer les activités dans le cadre de l'application d'une solution sociale au problème posé, après épuisement de toutes les possibilités, n'a pas été, non plus, à la hauteur des espérances. Il est à rappeler que les dettes antérieures à 1999 se chiffrent à près de 888 millions de dinars. Celles nées entre 2000 et 2004 sont de l'ordre de 627 millions de dinars, dont 168 millions d'arriérés de salaires, plus de 296 millions en dettes fiscales et sociales et 162 millions de dettes diverses.Le ministère de la Solidarité affirme qu'il ne laissera pas tomber les travailleurs non-voyants. « La réflexion a porté sur la facilitation de l'opération en rapport avec les agences nationales et les établissements spécialisés relevant du secteur de la solidarité nationale. L'idée de prendre en charge, par le secteur, de l'apport personnel induit par la création, par les travailleurs non voyants et leurs familles, d'une micro-entreprise dans le cadre du dispositif de soutien à l'emploi des jeunes et du microcrédit a été avancée, appuyée par l'engagement de faciliter l'accession aux locaux commerciaux », nous disent les responsables du ministère. Et d'ajouter : « Les projets des travailleurs ciblés dans ce cadre ont été communiqués à l'agence nationale de gestion du microcrédit, de même qu'une autorisation exceptionnelle a été demandée au ministère des Finances aux fins de dégager des postes budgétaires supplémentaires pour employer les travailleurs qui le désirent. » Le redéploiement en question peut se faire à travers l'aménagement des postes pour les personnes handicapées et la reconversion de certains autres au profit des travailleurs ne disposant pas de qualification particulière à titre dérogatoire. Pour l'heure, le département de Ould Abbès concentre ses efforts sur l'identification des dettes de l'Epih, le règlement des salaires au 30 juin 2009, la liquidation des arriérés de salaires ainsi que la normalisation de la gestion financière et des comptes bancaires au niveau des régions. Il sera nécessaire, souligne-t-on, d'orienter l'ensemble des effectifs potentiellement en mesure de demeurer sur le marché du travail vers la Cnac, en attendant de filtrer les différentes éventualités de placement avec le concours de la Fonction publique. Le syndicat de l'entreprise dit ne pas avoir eu vent de la mise en application de ces mesures. Les travailleurs restent ainsi dans le flou le plus total.