«Il est regrettable d'entendre le ministre de tutelle, censé être le premier défenseur de la corporation, affirmer que le sit-in tenu mardi passé était l'œuvre d'une manipulation politicienne», ont réagi les syndicats des deux médias en signant un communiqué très virulent. En réaction au mouvement de contestation des journalistes de la télévision et de la radio, M. Mehal a qualifié les contestataires de «quelques perturbateurs» et a dit ne pas comprendre «ce type de mouvement, à moins qu'il y ait des manœuvres politiciennes». Des propos outrageants à l'égard des journalistes qui, désormais, décident de briser la loi de l'omerta pour en découdre. «Plus jamais le silence. Après notre sit-in de mardi passé, nous subissons des intimidations et des menaces de la part de la direction, mais rien ne sera plus comme avant, pas question de céder au chantage du licenciement», s'est élevée une journaliste de la radio. Le temps de la «terreur» semble révolu dans le milieu des journalistes des médias publics. Des confrères de la télévision et de la radio brisent le mur du silence et attaquent frontalement le ministre de la Communication. Un fait rare qu'il est nécessaire de mentionner. Scandalisés par les propos de M. Mehal à leur égard, les contestataires du boulevard des Martyrs se sont élevés de toutes leurs forces «contre de tels propos qui sont sans fondement et de nature à détourner la véritable motivation de l'action de protestation». Les journalistes de la télévision et de la radio refusent aussi qu'on les réduise à des «tubes digestifs» comme ils disent. Ils réclament l'amélioration générale de leurs conditions de travail, mais également et surtout que soient rendues au service public ses lettres de noblesse. En somme, dans le mouvement de contestation qui commence à prendre forme depuis quelque temps, des journalistes de l'ENTV et de la radio tentent de s'émanciper de l'enfermement dans lequel sont confinés les médias publics.