La tomate à 150 DA. Qui dit plus ? La carotte aussi, ainsi que la laitue ! Le restaurateur, qui, dimanche matin, s'est rendu au marché des fruits et légumes de Tindouf pour s'approvisionner, n'en revenait pas. Le plat « spécial » qu'il avait l'habitude d'offrir à ses clients à un prix équivalent celui de la tomate du dimanche n'était, au grand dépit de ces derniers, pas disponible. « Je vous l'aurais taxé à 750 DA », ironise-t-il. A Tindouf, le creux de la vague en approvisionnement que subissent, en général, tous les marchés durant les fêtes de l'Aïd, s'est malheureusement étalé dans la durée au point de vider tous les étals, offrant ainsi l'occasion à l'unique livraison « miraculeuse » du dimanche de doper les prix à un seuil dépassant l'entendement. Au marché, seuls une piteuse pomme de terre à 70 DA, des oignons à 50 DA, quelques citrouilles, des pastèques et des melons d'arrière saison jonchent les étals squelettiques d'une demi-douzaine de commerçants. Les autres ont baissé rideau en attendant que la vague gonfle. Pour le reste de l'alimentation, on vit sur les stocks. Tindouf subit de plein fouet les conséquences des intempéries qui sévissent à quelque 1000 km au nord, dans la région de Naama. Les crues des oueds inondant l'unique voie sur Béchar, et de là, vers Tindouf, sont à l'origine de cette pénurie qui a fait grimper les prix au-delà de la démesure. « Dépendre du pneu » est une trouvaille « made in Tindouf » signifiant que s'il n'y a pas de route, on crève de faim. Cette expression ne cesse de se vérifier. Un des commerçants a laissé entendre qu'un arrivage de fruits et légumes était attendu pour lundi. A quel prix ?