Les SSPA font face à une situation dramatique sur le plan financier. C'est pratiquement le professionnalisme en Algérie qui est menacé. La DNCG, qui est un organe de la Ligue de football professionnel (LFP), aura pour mission principale, justement, de regarder de plus près la situation financière des clubs pros et d'instaurer des règles strictes pour «éviter que des clubs qui sont en difficulté financière n'aggravent leur situation et dans le même temps garantir la pérennité de la compétition», souligne une source qui a pris part à l'élaboration des documents avec lesquels la DNCG accomplira sa tâche. Des bilans déposés par des clubs, il ressort que l'écrasante majorité d'entre eux se trouvent dans une situation de faillite. Nombreux sont ceux sont qui ont «englouti» totalement le capital social et n'ont même pas procédé à une recapitalisation, seule alternative avant le dépôt de bilan synonyme, normalement, de retrait de licence. La situation que vivent présentement les clubs peut être évitée à partir de l'entrée en fonction de la DNCG qui disposera de larges prérogatives pour interdire, notamment, aux clubs «d'avoir un train de vie au-dessus de leurs moyens». C'est le cas, aujourd'hui, de tous les clubs pros algériens. Ils s'illustrent, négativement, dans le domaine du versement des salaires. En Algérie, il y a des footballeurs salariés qui perçoivent jusqu'à 7,8 salaires avant l'entame de la saison. Cette pratique défie toutes les normes et règles financières qui régissent l'activité d'une société par actions (SPA). D'autres, ils sont plus nombreux, ne voient pas la couleur de l'argent pendant des mois. Ces réflexes disparaîtront à partir de l'instant où la DNCG imposera aux clubs de justifier, par des documents officiels, qu'ils honoreront leurs engagements contractuels vis-à-vis de l'ensemble de leurs employés, pas uniquement les joueurs. Dans leur empressement à «investir» le champ du professionnalisme, les dirigeants ont fait le «grand saut dans l'inconnu» sans se poser de question et surtout sans se départir de «l'esprit d'assistanat» qui a bercé leur vécu antérieur. Enivrés par les «promesses et mirages miroités», ils se sont engouffrés dans le professionnalisme avec la conviction que l'argent coulera à flots, ne manquera jamais et que les mamelles de l'Etat, à travers le Trésor public, les nourriront mieux que par le passé. Leur ignorance de la réalité, à laquelle ils allaient être confrontés, n'avait d'égale que les exigences salariales sans limite des footballeurs salariés. Les salaires distribués aux joueurs dépassent l'entendement. Ils représentent, selon des commissaires aux comptes, plus de 80% du budget global des clubs… qui, en retour, ne génèrent aucun bénéfice lié à leur activité principale. «Les clubs pros marchent sur la tête», soulignent tous ceux qui suivent l'évolution du professionnalisme depuis son instauration, il y a deux ans. Les dirigeants des clubs pros, SSPA ou sociétés, réclament des subventions mais ne veulent pas changer leur mode de fonctionnement et surtout leur esprit d'assisté. C'est dans ce maquis que va devoir se mouvoir la DNCG pour tenter de mettre un peu d'ordre et de rappeler chaque acteur à ses responsabilités. Le professionnalisme, tel qu'il est appréhendé en Algérie, n'a aucune chance de survie. La DNCG arrivera-t-elle à changer le cours des choses ? Pas évident. La faillite frappe aux portes du football professionnel.