Plus de 80 personnes vivent dans ces constructions inhumaines. En plein centre-ville, à Chebli, en face de l'imposante bâtisse de la mairie, se trouve un sinistre quartier appelé « Douar El Yehoudi », une ancienne porcherie, d'après les dires des vieux locataires de ce lieu. l Des box qui servaient à l'élevage de porcs, qui ont été, par la suite, aménagés en chambres minuscules et insalubres, cachant difficilement la misère de onze familles composées de plus de quatre-vingt personnes. Des générations se sont succédé dans ces constructions inhumaines. Deux toilettes, dont l'une est constamment hors d'usage, sont utilisées par tous les habitants de cette cité. Depuis quelques jours, après le passage de Hocine Ouadhah, wali de Blida, dans la commune de Chebli et la propagation d'un bon nombre de rumeurs concernant la liste des bénéficiaires d'habitations à la nouvelle cité des 120 Logements, les locataires de Douar El Yehoudi, hommes, femmes et enfants, se sont installés sur la place publique (devant chez eux), en silence. Ils ont seulement arraché le portail qui cachait leur misère et ont fixé une pancarte sur un mur sale de leur taudis résumant toute la situation : « 100 ans de misère et de marginalisation. Barakat ! ». « Plusieurs cités ont été construites à Chebli durant ces deux dernières décennies, mais aucune famille de ce coin maudit n'en a bénéficié », nous déclare ammi Rabah. Et d'ajouter : « Si les responsables avaient donné, à chaque fois, un appartement à quelqu'un d'ici, le problème aurait été résolu depuis longtemps ! C'est honteux ! Nos enfants meurent de désespoir et de misère ! » Un jeune de la cité enchaîne : « A chaque fois, ce sont des gens d'ailleurs qui ne voient même pas l'appartement qui leur a été attribué et qui le revendent par la suite ! » Une femme habitant ce quartier nous confie, en larmes : « Mon mari est mort à l'âge de 46 ans. Toute sa vie il a espéré sortir un jour de ce trou à rats. Douar El Yehoudi l'a tué. Les autorités se moquent de nous. Elles nous font à chaque fois de belles promesses qui n'ont jamais été tenues ! » Depuis mercredi dernier, le jour de leur sit-in sur la place publique, aucun dialogue n'a été entamé entre les responsables de la commune et de la daïra et ces citoyens livrés à eux-mêmes. Interrogé à ce sujet, le P/APC de Chebli a surtout appelé les citoyens protestataires à regagner leurs demeures dans les plus brefs délais, sinon ses services auront recours aux forces de l'ordre pour dégager la placette publique. Il s'est montré toutefois disponible pour essayer de trouver une solution à ce problème. « Nous comptons tenir une réunion avec les responsables de la daïra et des représentants de ces citoyens afin d'établir une liste des cas urgents nécessitant un relogement immédiat. Nous allons par la suite la transmettre au wali et le solliciter pour nous débloquer un quota de 60 logements afin de répondre aux demandes de la grande majorité des sinistrés », dira-t-il. Notre interlocuteur affirme qu'il n'est pas possible de satisfaire tous les demandeurs de logements puisque leur nombre dépasse 3500 pour un quota de 120 logements sociaux seulement. A. Bersali, Rahmani Mohammed