Le quotidien le Figaro révèle que les militants d'Al Qaîda commettent désormais des actions suicide à l'aide de bombes introduites dans le corps. Et de poser la question des techniques de contrôle des passagers dans les aéroports. Un mode opératoire qui soulève beaucoup de questions. Paris (France). De notre correspondant Le toujours très informé journal de l'avionneur Serge Dassault s'appuie sur une note (forcément) secrète de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI). Il raconte avec force détails un attentat original qui a mis en émoi tous les services de sécurité. « Le 28 août dernier, Abul Khaïr, un islamiste recherché, se présente au palais du prince Mohammed Bin Nayef, responsable de la lutte antiterroriste en Arabie Saoudite et, par ailleurs, fils du ministre de l'Intérieur du royaume. C'est l'heure de la traditionnelle réception organisée pour la rupture du jeûne. L'homme vient se rendre et implorer la clémence du prince, dit-il. Mais à peine le maître des lieux s'approche-t-il que le terroriste manipule un téléphone mobile. Une explosion retentit. Par miracle, Mohammed Bin Nayef s'en sort avec quelques égratignures. Son visiteur, quant à lui, est éparpillé dans la pièce en soixante-dix morceaux. Il s'est fait sauter avec sa bombe. » Abul Khair n'a pas utilisé un explosif attaché à sa ceinture pour atteindre sa cible. Il portait sa bombe – et c'est une première, soulignent au Figaro les analystes du renseignement – à l'intérieur du corps. « Un explosif ingéré en somme, ou plutôt introduit comme un suppositoire. Autant dire indétectable. Le kamikaze n'avait plus qu'à le déclencher grâce à son téléphone mobile que les cerbères du palais n'ont pas eu la présence d'esprit de le lui retirer. » Cette nouvelle forme d'action mettrait en cause le contrôle des passagers dans les aéroports. « Nos plateformes aériennes sont équipées de détecteurs de métaux, explique un commissaire de police spécialisé, mais dans le cas du kamikaze saoudien, seul un contrôle aux rayons X aurait permis de détecter l'explosif, comme on repère les capsules de drogue dans le ventre des passeurs. Or, on imagine mal devoir faire passer des millions de passagers à la radio avant de monter à bord », explique un commissaire de police spécialisé au journal pro-gouvernemental. L'Etat français privilégierait une solution moins coûteuse : la collecte d'informations. La France souhaiterait ainsi accélérer la mise en place d'un système de contrôle renforcé des passagers non plus seulement lors de l'embarquement, mais dès la phase de réservation des billets. Les compagnies aériennes se verraient ainsi obligées de transmettre à la police des données d'enregistrement des passagers bien plus précises que les seuls éléments patronymiques. Les données seraient élargies au moyen de paiement, à l'adresse du requérant ou à celle de l'hôtel ou de la personne qui doit l'accueillir à son arrivée en France. Un fichier des passagers aériens a déjà été institué à titre expérimental par la loi antiterroriste du 26 janvier 2006. Il est, pour l'heure, alimenté par les données d'enregistrement de certains pays (Iran, Afghanistan, Pakistan, Syrie, Yémen, Algérie et Mali). Le quotidien, apparemment au fait des intentions du gouvernement, exclut la piste de l'interdiction du téléphone portable dans les aéroports ou encore la généralisation du rayon X aux contrôles d'accès, très coûteux et dangereux sur le plan sanitaire.