Le secteur sanitaire de la ville d'El Harrouch dans la wilaya de Skikda vit une certaine effervescence syndicale après le refus signifié de la direction d'accorder aux représentants du Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) une autorisation de tenir une assemblée constitutive. Le SAP est une nouvelle organisation syndicale nationale créée vers la fin de l'année 2004. Elle entend, d'après ses représentants « défendre les intérêts du personnel paramédical et s'impliquer professionnellement dans le devenir du secteur qui s'apprête à vivre un grand chamboulement dans le cadre des réformes ». Selon les déclarations de M Ghachi Lounès, secrétaire général du syndicat national, « le SAP a été reconnu par le ministre de la Santé en personne. Nous sommes actuellement en pleine phase d'organisation et nous sommes présents dans 46 wilayas. En moins de six mois nous sommes parvenus à nous structurer officiellement dans 240 centres hospitaliers et autres CHU sur les 280 que compte le pays. Nous sommes une organisation légale qui entend travailler dans la transparence, bien que certaines pratiques bureaucratiques restent encore de mise dans certains hôpitaux où on nous a empêchés d'activer », il citera à cet effet les hôpitaux d'El Hamam à Tizi Ouzou, le CHU de Batna, l'hôpital de Aïn M'lila et celui d'El Harrouch. Pour le dernier hôpital cité, le secrétaire général dira : « Nous ne comprenons pas les réticences du directeur de ce centre hospitalier, et pour nous son refus d'accorder à nos représentants de tenir leur assemblée est une violation du droit syndical », avant d'interpréter ce refus comme n'étant « une volonté de contrer les réformes à venir ou une manœuvre bureaucratique engagée pour cacher certaines choses ». Ces accusations portées par le secrétaire général seraient motivées par les entraves rencontrées par les représentants locaux du SAP. Ces derniers ont tenu d'abord à revenir sur la genèse du conflit qui les oppose au directeur de l'hôpital. A ce sujet, M. Bakira, représentant du SAP à El Harrouch, rapporte que « le 16 janvier dernier, nous avons adressé une correspondance au directeur pour demander une autorisation de tenir une AG constitutive, malheureusement nous avons été destinataires d'une autre correspondance nous interdisant toute activité. Le directeur a estimé que notre mouvement est illégal et refusera par la suite de répondre à notre deuxième lettre datée du 7 février 2005. » Les syndicalistes du SAP d'El Harrouche avancent également qu'ils auraient eu des contacts avec l'inspection du travail qui les aurait appuyé verbalement en leur confirmant la légalité de leur action. Que ce soit le SG du SAP ou les représentants locaux de ce syndicat, l'interdiction signifiée par le directeur est « arbitraire, car elle ne répond à aucun critère légal », et accusent la direction d'entraver leur travail et de chercher à s'immiscer dans les affaires du personnel paramédical. Le directeur du centre hospitalier d'El Harrouch s'en défend énergiquement et place dans ses déclarations ce conflit dans un contexte purement administratif. « Je me suis entretenu avec ces syndicalistes après la lettre de refus et j'ai tenté de leur expliquer les motivations administratives qui m'ont amené à leur interdire de tenir leur assemblée », dira-t-il avant de continuer : « Moi je me limite à appliquer la réglementation en vigueur sans plus. Je n'ai aucun intérêt sinon de respecter la loi. » En se reférant à l'article 34 de la loi 90/14 relative aux modalités d'exercice du droit syndical, il expliquera qu'« en vertu de cet article, une section syndicale ne devient légale que six mois après le dépôt de la demande de création du mouvement. Or, le SAP n'a déposé son dossier d'agrément que le 24 septembre. Donc je ne peux me permettre de violer la loi ». En lui faisant remarquer que plusieurs centres hospitaliers et plusieurs CHU du pays ont autorisé les assemblées des sections du SAP, le directeur se contentera de répondre : « Il appartient à chacun de gérer son secteur. Je n'ai pas à apporté de jugements, mais je me limite, à mon niveau, à être en règle avec les lois du pays. D'ailleurs j'ai fait savoir aux représentants du syndicat qu'une fois le délai des six mois passé, ils seront les bienvenus. Ils peuvent se rencontrer s'ils le désirent, mais seulement en dehors des heures de travail et en dehors de l'enceinte du centre ». Seulement les syndicalistes d'El Harrouch estiment que c'est là une machination pour les priver d'être au rendez-vous avec l'année syndicale qui se clôturera le 31 mars. « On veut nous mettre hors-jeu, seulement nous envisageons de recourir à la justice afin qu'une prolongation nous soit accordée. Et au moment où, le SAP trébuche à El Harrouch, certains paramédicaux de Collo, de Azzaba et de l'hôpital psychiatrique d'El Harrouch affichent eux aussi leur volonté de tenir leur assemblée. »