A Bouira, comme dans d'autres régions du pays, le circuit de l'informel gagne de plus en plus de terrain. Des centaines, voire des milliers de personnes y trouvent leur gagne-pain. Des petits commerces non déclarés, et pas du tout soumis à l'impôt voient quotidiennement le jour sous diverses déclinaisons. Les jeunes désoeuvrés, dont même des diplômés universitaires qui se sont retrouvés dans ce créneau de la vente à la sauvette. Mais qui finissent, à la longue, par se sédentariser. Exploités par les barons du marché noir, lesquels trouvent souvent le moyen d'écouler leurs marchandises prohibées. Ces jeunes se trouvent soumis à une sorte d'esclavagisme moderne. Ils subissent les affres et les aléas du climat, mais aussi celles des dures conditions de travail qu'ils effectuent dans des endroits souvent insalubres et non sécurisés. À cela s'ajoute le risque de se voir traduit devant les tribunaux, dans le cas où, par hasard, les services de police se décident d'effectuer des descentes dans les alentours. Ainsi, devant cette spirale où l'informel se confirme comme étant un métier, auquel s'adonnent « volontiers » des jeunes issus des différentes localités de la wilaya. Ces derniers font parfois un parcours de combattant, venant des autres régions, notamment les localités rurales pour prendre place dans des recoins, des trottoirs de la ville de Bouira, afin de proposer leurs marchandises. Avec des petits étals, ces jeunes disent qu'ils n'ont pas d'autre choix. Ils préfèrent ce métier « rentable ». La plupart d'entre eux ont quitté l'école dès les premières années de leurs scolarités, et autres contraints par la misère et la pauvreté. Ils sont appelés à subvenir aux besoins de leurs familles. « C'est une activité pénible et rentable à la fois. Tout de même il faut avouer que cela n'est pas pour toujours le cas », nous dira Rachid, rencontré à l'entrée du marché. Lui est vendeur d'articles scolaires. D'autres choisissent la friperie. Ce qui fait bonne recette de nos jours. Plusieurs citoyens affluent sur les dizaines d'étals installés au niveau de ce marché. « C'est moins cher et la qualité y est. J'ai acheté pas mal de choses pour 1000 DA, ailleurs un pantalon coûte 1600 DA », avoue Kamel, une jeune de 20 ans. Les commerçants assuraient leur activité durant tous les jours de la semaine. « J'ai déjà vu des vêtements chers dans d'autres magasins, alors qu'on les rencontre ici à des prix bas », a ajouté notre interlocuteur. Pour ce qui est des vendeurs ambulants qui activent loin de toute réglementation, ces derniers sont mal vus par d'autres commerçants. Car tout simplement, ces marchands illégaux gagnent de l'argent sans payer aucun sou pour le fisc. Dans ce cas, les services de la DCP, autorité sensée rétablir l'ordre dans l'activité commerciale, brillent par leur absence. Ce qui fait que le commerçant dit « réglo » souffrira encore du mutisme de l'administration.