L'opération soldes d'été, lancée par la direction du commerce, le 21 juillet dernier, et qui va durer jusqu'au 24 août prochain, ne semble pas connaître d'engouement notable auprès des commerçants. La plupart ont refusé de pratiquer un rabais sur leur marchandise. La pratique des soldes est conditionnée par une autorisation de la direction du commerce, à laquelle le commerçant doit faire sa demande avec l'obligation d'afficher les anciens et les nouveaux prix de tous les produits proposés à la vente. Une petite virée à travers certaines grandes artères et avenues de la capitale permet de constater d'emblée que le nombre d'autorisations se compte sur les doigts d'une seule main. En effet, très peu de magasins offrent une devanture colorée sur laquelle on peut lire «Soldes de 10 à 60%». La première démarque, qui s'étalera durant les trois premières semaines, affiche une réduction de 30%. Les trois dernières semaines restantes, la réduction peut aller jusqu'à 60%. Le peu de magasins ayant décidé de se mettre à l'heure des soldes sont plutôt déçus par l'absence d'affluence du public. Propriétaire d'un magasin de prêt-à-porter féminin depuis trente ans, un commerçant de la rue Didouche Mourad est convaincu qu'organiser des soldes en plein Ramadhan est une erreur en soi. «Les gens sont beaucoup plus occupés à soigner leurs désirs alimentaires qu'à effectuer des achats. Bien qu'ayant décidé d'effectuer des ristournes sur ma toute dernière collection, je peux dire que je n'ai pu vendre que trois ou quatre articles. Pourtant, j'ai cassé les prix.» Un autre responsable d'une enseigne connue, ayant souscrit à l'opération des soldes, estime, pour sa part, que si la plupart des débitants n'ont pas répondu présents à ce rendez-vous, c'est parce que certains se sont reconvertis dans l'habillement pour enfants. Un créneau très lucratif à l'approche de l'Aïd El Fitr et de l'année scolaire. «C'est désolant de se rendre compte que le citoyen algérien a d'autres préoccupations importantes en ces temps de grandes chaleurs et de mois de jeûne.» Si chaque commerçant se doit de placarder des affichettes portant les anciens et les nouveaux prix ainsi que les pourcentages de rabais, il n'en demeure pas moins que la plupart des détaillants semblent faire abstraction de cette mesure. Comme en témoigne ce magasin de prêt-à-porter femmes qui propose des articles français et espagnols à des prix franchement exorbitants. Point d'étiquette mentionnant le prix, c'est ce qui explique que les vendeurs soient dépassés par les questions multiples et simultanées des clientes. Des clientes qui déchantent vite à l'annonce du prix. Preuve en est, avec la réponse de cette dame : «Comment peut-on prétendre à des soldes quand on vous propose une simple liquette au tissu léger à 5000 DA ? C'est aberrant. Je pense que nous n'avons pas la notion des soldes. Les soldes, c'est toute une culture», lâche-t-elle énervée en sortant de ce magasin de «luxe». Les contrôleurs de la DCP devraient sanctionner ce genre de soldeurs. Une minorité de boutiquiers ont trouvé une autre parade, celle de poser des post-it uniquement sur certains vêtements. Un importateur d'articles de sport, au quartier Sidi Yahia, avoue que tous les articles qu'il vend sont des articles pour jeunes, de qualité, qui arrivent à trouver preneur. «Je pratique régulièrement les soldes d'hiver et d'été, je trouve cela bénéfique, non seulement pour moi qui profite de cette opportunité pour écouler mes stocks d'articles invendus, mais aussi pour ma clientèle qui trouve son compte en s'approvisionnant à des prix relativement abordables. La qualité se paye, même à l'étranger.»