L'ampleur des incendies a fait réagir l'Union nationale des travailleurs des forêts. Dans une déclaration rendue publique hier, le secrétariat exécutif fédéral de cette organisation syndicale, affiliée à l'UGTA, condamne énergiquement ces feux ravageurs qui ont détruit près de 30 000 ha. «Les sources d'informations concordantes font état de mises à feu délibérées, simultanées, planifiées dans le temps et l'espace, à travers le choix des zones de départ de feux, pratiquement inaccessibles aux premières interventions, favorisés par des pics caniculaires et des conditions favorables garantissant une propagation vertigineuse de plusieurs fronts d'incendies à la fois, d'une rare violence et constituant des vagues de feu dévastatrices», écrit-on dans le même communiqué. Pour ce syndicat, la situation est très grave. «Les dégâts occasionnés par ces phénomènes de mise à feu sont très importants. Il se pourrait qu'ils dépassent largement le seuil provisoire des 100 000 ha de couverture végétale et des milliers d'espèces de faune sauvage», a-t-il souligné, affirmant qu'une partie réputée hautement protégée de milliers d'arbres fruitiers, de centaines de ruches et des zones importantes des parcs nationaux considérées comme réserves protégées caractérisées par la richesse et la diversité de leur potentiel faunistique et floristique sont décimées. Cela conduit à prononcer «l'état de désastre écologique à grande échelle et de considérer par ailleurs le patrimoine forestier national sinistré». Le syndicat craint de grands déséquilibres qui affecteront le milieu et qui auront des conséquences d'une extrême gravité. Appelant à des enquêtes poussées et sérieuses, le Syndicat des travailleurs des forêts exige de situer les responsabilités des uns et des autres. Pour l'Union nationale des travailleurs des forêts, le pillage et la dilapidation de cette richesse naturelle nationale par les feux, les défrichements, le braconnage et la destruction systématique de la faune sauvage protégée, les occupations illicites, l'exploitation illégale des carrières en forêt et la distraction des surfaces forestières pour la construction sont quelque part la conséquence d'une gestion complaisante des autorités ou de leur indifférence. Pillage des richesses floristiques «Ces transgressions chroniques sont en grande partie facilitées par l'absence d'une volonté politique clairement affichée par l'inaction d'une administration des forêts impuissante et inefficiente face à l'ampleur des dégâts, affaiblie, inadaptée, sous-équipée en moyens et en hommes et contrainte à consacrer l'essentiel de son énergie et ses capacités à l'exécution du programme de développement rural», regrette le syndicat qui interpelle par là même la classe politique, les personnalités nationales et les autres organisations en charge de la protection de la nature pour le lancement d'une pétition pour la défense et la restauration du patrimoine forestier national. Le syndicat envisage, par ailleurs, de mener une action de protestation dans les prochains jours et d'observer une grève pour exiger la protection des agents et des cadres forestiers qui subissent des pressions et des menaces exercées par certains lobbys affairistes du secteur forestier. Il demande, dans ce sillage, la révision du statut particulier du corps forestier, dans le cadre du renforcement des missions de la police forestière et la création d'un nouveau corps chargé du développement et de l'intégration des contractuels par la formation spécialisée.