Dans l'entretien reproduit par votre quotidien, Anouar Benmalek a porté des propos diffamatoires à l'encontre du défunt Mohammedi Saïd dit colonel Si Nacer. (…). Ce monsieur qualifie de crime contre l'humanité un fait de guerre dont les tenants et les aboutissants ne sont connus que par les combattants de l'Armée de libération nationale qui ont eu à affronter les groupes messalistes, plus nombreux que l'on ne pourrait imaginer en Wilaya III ! Il a qualifié et jugé les faits de Mélouza en se référant à des sources ennemies de l'Algérie. (…) A le lire, on croirait qu'il détient la vérité sur Mélouza. Si c'est le cas, qu'il fasse œuvre universelle et dévoile à la face du monde ce qui s'y est passé. Il est plus sage de laisser les faits de Mélouza remonter tranquillement et au moment opportun, vers la clarté historique. (…). En faire un point de fixation pour ceux qui veulent faire le procès de la Guerre de libération nationale est un coup porté à la mémoire de ceux qui sont morts pour que ce pays puisse remonter des abysses coloniaux. S'il s'agit de simples propos d'écrivain, qu'on reste dans la fiction et qu'on évite de tremper dans l'histoire, car s'y trouvent les hommes qui l'ont faite et il faut autre chose que des mots pour leur faire face. Le FLN et son bras armé l'ALN ont fait leur guerre, leur guerre ! En juger la manière est prématuré tant le mal colonial n'est pas encore soldé dans la mémoire collective de ce pays. Le résultat en fut l'Indépendance, n'en déplaise aux oublieux de la misère plus que centenaire d'un peuple. Qui ou que veut-on culpabiliser ? Ces hommes et la traîne immense de leurs faits de guerre ? Oui, coupables d'avoir bouté dehors cent trente ans de joug colonial ? Faute d'oser ouvertement remettre en question cette révolution unique dans l'histoire moderne, on veut aujourd'hui lui demander des comptes sur ses manières. Il faut peut-être rappeler que cette période douloureuse n'est pas un roman. Ce n'était pas non plus une jolie partie d'un jeu entre gentlemen, la disproportion des moyens est une réalité que nul n'ignore, mais qui n'est jamais mise en évidence par les nostalgiques du colonialisme. C'était la réalité atroce et brutale que des héros ont fait plier aux aspirations du peuple algérien. C'était une guerre ! Avec ses soldats et ses chefs ! Si Nacer en était un ! Il était chef de la Wilaya III. En tant que tel, il était certes responsable de tout ce qui se passait dans sa Wilaya : les dépassements étaient sanctionnés et les faits de bravoure étaient récompensés quand ils étaient portés à sa connaissance. Son amour pour le peuple algérien était immense et reconnu par tous ceux qui l'ont approché et connu. Veut-on connaître ce que furent sa vie et son combat ? Que l'on fasse l'effort de se rapprocher de quelques-uns de ses compagnons encore en vie et de sa famille, au lieu d'écrire n'importe quoi sur son compte et sur une tragédie du peuple, même s'il en est sorti victorieux. Hélas, il est aujourd'hui des écrivaillons ignorants des faits et mus par une haine inexpliquée qui ramènent l'autorité d'un colonel de l'ALN, futur chef de son état-major, à la seule responsabilité d'un acte isolé entre mille, devenu on ne sait comment, le vilain chancre sur la belle face jalousée de la Révolution algérienne. Les raccourcis ne sont-ils pas dangereux en histoire ? Nous pensons que l'on n'est pas encore à pouvoir se permettre de juger ce qui s'est passé de 1954 à 1962. Tenter de le faire, c'est amener la Guerre de libération nationale à la barre des accusés. Qui pourrait prétendre à la fonction de juge ? Un romancier en quête de notoriété ? Certainement pas ! Hachour Mohand Ouramdane (SG du bureau de wilaya de l'ONM) Morsli Ahmed (membre du bureau de wilaya de l'ONM) Ameur M'hand (membre du bureau de wilaya de l'ONM) Idir Smaïl (membre du bureau de wilaya de l'ONM) Aït Ahmed Ouali (membre du bureau de wilaya de l'ONM) Messous Saâda (membre du bureau de wilaya de l'ONM)